Discours royaux
SM le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, a adressé un message aux participants à la 2ème édition du forum ministériel arabe sur le logement et le développement urbain qui a ouvert ses travaux jeudi à Rabat.

Voici le texte intégral du message royal dont lecture a été donnée par M. Abdellatif Mennouni, Conseiller de SM le Roi:.

“Louanges à Dieu, Que la prière et la paix soient sur le Prophète, Sa famille et Ses compagnons,

Excellences,

Mesdames, Messieurs,

C’est, pour Nous, un immense plaisir que la ville de Rabat accueille le deuxième Forum ministériel de l’habitat et du développement urbain, placé sous Notre Haut Patronage. A cette occasion, Nous souhaitons aux éminentes personnalités qui participent à ces assises, la bienvenue dans leur deuxième pays, le Maroc.

Nous vous félicitons pour la tenue de ce forum qui a la particularité d’être une tribune dédiée à la formulation de nouvelles visions arabes centrées sur les problématiques de l’habitat et du développement urbain durable. C’est également un espace privilégié pour échanger sur les expériences fructueuses et les bonnes pratiques recensées dans ce domaine et donner une traduction opérationnelle à l’action participative y afférente. Le but recherché est de parvenir à un développement durable équilibré pour améliorer les conditions de vie des populations arabes.

Le choix de votre thème intitulé : « Mise en œuvre du nouvel Agenda urbain dans la région arabe », atteste notre engagement collectif à exécuter l’Agenda urbain tel qu’il a été entériné par la communauté internationale lors de la Conférence Habitat III, abritée par l’Equateur en octobre dernier. Il traduit aussi notre volonté commune de renforcer l’Agenda 2030 pour atteindre les Objectifs du Développement durable, notamment le onzième qui prévoit la construction de villes ouvertes à tous, salubres, intelligentes, sûres, adaptables et durablement résilientes face aux catastrophes.

Nous formons le souhait que votre forum soit une opportunité, pour la région arabe, de débattre des moyens à mettre en œuvre pour renforcer la dynamique d’urbanisation. Il s’agit, en effet, d’un préalable essentiel pour parvenir au développement durable et un outil efficace pour relever avec succès les défis présents et à venir. Votre objectif est, donc, de définir les modalités de mise en œuvre de la Stratégie arabe de l’habitat et de formuler des solutions efficaces aux problèmes qui assaillent nos villes.

Pour y parvenir, des mesures doivent nécessairement être prises pour adapter l’aménagement de nos cités aux nécessités du monde de demain et assurer aux populations arabes des logements décents et une qualité de vie meilleure. Corrélativement, il est indispensable de prendre en considération les dimensions économiques, sociales et environnementales inhérentes à ce processus et les impératifs liés à la gestion des crises.

Mesdames, Messieurs,

Vous n’êtes pas sans savoir que 54% de la population mondiale vit dans des zones urbaines, une proportion appelée, selon les prévisions, à croître à un rythme soutenu. Tant et si bien qu’en 2045, le nombre de citadins dans le monde se sera multiplié par un et demi, atteignant ainsi le seuil de 6 milliards d’individus.

Du fait de cette évolution, l’expansion urbaine sera l’un des principaux vecteurs des transformations socio-économiques qui toucheront la région arabe au cours des prochaines décennies. Cette tendance contribuera sans nul doute à la réalisation d’une croissance durable, à condition de faire l’objet d’une bonne gestion induite par le relèvement du niveau de productivité, la mise à profit de l’innovation et l’appropriation d’idées et d’expériences-pilotes.

Il convient de rappeler qu’à défaut d’une planification préalable, l’extension des périmètres urbains risque de poser de nombreux défis et d’affecter considérablement la performance urbaine. Il en résulterait notamment une aggravation des problèmes de transport, un renchérissement du coût des équipements, un mouvement en sens inverse vers les zones rurales, une demande croissante pour les services publics, outre l’exploitation abusive des ressources naturelles et la dégradation de l’environnement.

Par ailleurs, l’augmentation de la population des villes est l’une des principales caractéristiques de la croissance urbaine. Conséquence de ce phénomène démographique, le développement d’un urbanisme horizontal et vertical implique de répondre aux besoins fondamentaux des habitants en termes de logements, de voiries et de services en tous genres.

Souvent, l’extension horizontale des villes s’accompagne d’une mobilisation croissante des réserves foncières que sont les terres agricoles fertiles à forte productivité, transformées en surfaces construites. Ce phénomène de bétonisation s’amplifie de jour en jour, au même titre que le renchérissement du coût de la gestion urbaine et la réalité de services publics faiblement efficaces.

Ces transformations du paysage urbain engendrent l’apparition de disparités spatiales et sociales à l’intérieur des villes, notamment au sein des grandes cités. De ces écarts naissent des territoires périphériques caractérisés par la pénurie des équipements de base, la faiblesse des infrastructures et l’absence des services urbains fondamentaux. Autant de facteurs qui fragilisent la cohésion sociale et mettent à mal l’inclusion urbaine.

Mesdames, Messieurs,

Conscient de la complexité de la situation et des risques qui lui sont inhérents, Nous avons constamment orienté les parties compétentes pour appréhender le développement des villes dans sa globalité et aborder avec tout le sérieux requis les problématiques essentielles de l’organisation territoriale des espaces urbains. Celle-ci doit être entendue au sens large du terme, et non pas conçue dans une optique étroitement centrée sur la question du logement.

A l’instar des agglomérations urbaines du monde, les villes marocaines connaissent un développement constant et une forte croissance démographique. En effet, les mouvements des zones rurales vers les zones urbaines font qu’aujourd’hui, le taux d’urbanisation est, à peu près, de l’ordre de 65%.

Mesurant l’ampleur des défis actuels, le Maroc adhère aux conventions internationales, au nouvel Agenda urbain et à tous les dispositifs internationaux relatifs aux questions de développement et d’aménagement urbain. Il s’emploie aussi activement à insérer ces instruments dans ses stratégies nationales de développement.

A cet égard, Nous avons donné en 2004 le coup d’envoi du programme national « Villes sans bidonvilles », dont l’objectif est d’éradiquer, dans 85 villes, l’habitat insalubre, sous toutes ses formes. A travers cet ambitieux projet national, le but est d’ériger la question de l’habitat en axe majeur d’intervention pour assurer la cohésion sociale et stimuler la dynamique économique. D’ailleurs, depuis le lancement de ce chantier, 58 centres urbains ont été proclamés villes sans bidonvilles.

Par ailleurs, la Constitution du Royaume du Maroc de 2011 a consacré le droit au logement et l’a rattaché au droit à l’eau, à un environnement sain, aux soins et à la protection sociale. A cet égard, nous avons accompli bon nombre de réalisations grâce à notre volonté politique et à l’adoption d’une approche fondée sur la capitalisation des droits humains et la consolidation de l’intégration urbaine.

D’un autre côté, Nous avons mis en chantier une politique de développement urbain, durable et globale, dont les fondements essentiels sont la promotion du développement humain et le renforcement de la cohésion sociale et spatiale. A la faveur d’une démarche proactive et prospective, Nous avons, par ailleurs, procédé à l’élaboration d’une politique urbaine nationale renouvelée, et à la mise en œuvre de la politique de la ville, adoptée en 2012.

Excellences,

Mesdames, Messieurs,

Les métropoles arabes sont confrontées aux mêmes défis, qu’il importe de relever par la mise en place de mécanismes de coopération efficaces. Il s’agit, en effet, d’un levier pratique de solidarité interarabe, favorisant l’échange d’expertises et de bonnes pratiques et contribuant au renforcement des capacités.

Dans le même ordre d’idées, Nous appelons à l’élaboration d’une vision commune autour d’un système intégré d’aménagement du territoire. Par sa nature prospective, ce système aura pour finalité de rationaliser l’exploitation du territoire et la gestion des ressources disponibles, de telle sorte qu’il puisse contribuer à rétablir l’équilibre du tissu urbain. Il aidera aussi à renforcer la capacité de ces territoires à s’adapter aux différentes transformations économiques, sociales, environnementales et technologiques.

Il contribuera de même à réduire le fossé séparant espaces urbains, quartiers périphériques et zones rurales.

Parallèlement à cela, il convient d’asseoir les bases d’un urbanisme qui tienne compte des identités et des spécificités locales. S’appuyant sur des approches rénovées, ce système aura comme objectif de concevoir des espaces harmonieux, plus productifs, plus inclusifs, et aptes à relever les multiples défis qui se posent dans ce domaine.

Par ailleurs, Nous vous invitons à réfléchir à l’adoption de mécanismes inédits et innovants, permettant la conception d’un nouveau système urbain propre à assurer une bonne qualité de vie au profit de nos citoyens. Outre la fourniture aux populations de logements décents pour préserver leur dignité, il convient de mettre en place, à leur bénéfice, un environnement propre adapté aux exigences de la croissance économique et d’élaborer des plans d’urbanisme intelligents, qui font de l’élément humain leur raison d’être et leur finalité.

A cet effet, il est impératif d’engager les réformes institutionnelles nécessaires en conférant aux régions, aux instances décentralisées, aux initiatives citoyennes des prérogatives leur permettant de jouer un rôle plus actif pour que les politiques publiques soient plus à même de satisfaire les besoins et les attentes des citoyens.

De surcroît, il faut veiller à ce que ces politiques publiques soient dotées d’un grand potentiel de convergence, de cohérence et d’homogénéité pour éviter la dispersion des efforts consentis par l’Etat.

A cette occasion, Nous tenons à souligner que la durabilité de nos métropoles passe par la mobilisation des énergies et des expertises nécessaires pour leur permettre de faire face aux changements climatiques, d’optimiser la gestion des risques inhérents aux catastrophes naturelles et d’apporter des solutions aux problématiques liées à une planification durable et au système de gouvernance urbaine.

Nous sommes persuadé que la présente session de votre forum sera l’occasion de réfléchir à la mise au point de stratégies clairement définies et de plans et programmes précis.

Nous saisissons également cette opportunité pour vous inviter à intensifier les efforts visant à renforcer les liens de coopération et à favoriser l’échange d’expertises et d’expériences au sein du monde arabe. Car, leurs spécificités culturelles locales mises à part, nos pays ont les mêmes préoccupations et font face à des défis similaires. Issus d’un creuset civilisationnel et historique identique, ils envisagent l’avenir dans une même optique.

Pour conclure, Nous aimerions insister encore une fois sur le fait que le développement de nos villes n’est possible que si les habitants qui y vivent sont au cœur de toute chose. Il convient aussi de faire de ces centres urbains un espace d’inclusion et d’engagement citoyen.

Nous aspirons aussi à voir émerger des villes vertes: des cités qui stimulent la créativité des individus, développent leur sens civique, instillent en eux les valeurs de tolérance et de coopération.

Puisse le Très-Haut guider vos pas et couronner vos travaux de succès.

Wassalamou alaikoum warahmatoullahi wabarakatouh”

Texte intégral du discours Royal à l’occasion du 42ème anniversaire de la Glorieuse Marche Verte(6 Novembre 2017)

Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, a adressé lundi 06 novembre 2017, un discours à la Nation à l’occasion du 42ème anniversaire de la Glorieuse Marche Verte, dont voici le texte intégral :


“Louange à Dieu,

Paix et Salut sur le Prophète, Sa Famille et Ses Compagnons.

Cher peuple,

Aujourd’hui, nous commémorons avec une immense fierté le quarante-deuxième anniversaire de la Marche Verte. Dans quelques semaines, nous célébrerons le soixantième anniversaire du Discours que Notre Auguste Grand-Père, Sa Majesté le Roi Mohammed V, que Dieu ait son âme, avait prononcé à M’hamid El-Ghizlane.

Pourquoi Nous a-t-il paru judicieux aujourd’hui d’évoquer en même temps le souvenir de ces deux événements historiques ? Quel est le lien qui les rattache véritablement ?

En fait, chacun de ces deux moments fondateurs symbolise le pacte indéfectible d’unité nationale, scellé entre le Trône et le Peuple, pacte dont la clé de voûte est le Sahara marocain.

De fait, le discours historique de M’hamid El-Ghizlane est lourd de sens, en ce qu’il marque une étape saillante dans le processus de parachèvement de l’intégrité territoriale de notre pays, et qu’il souligne une seule vérité que nul ne peut contester : la Marocanité du Sahara et l’attachement du peuple marocain à sa terre. En effet,

– Dès que le Maroc a eu son indépendance ;

– Bien avant que la question du Sahara ne soit consignée aux Nations Unies en 1963 ;

– Alors qu’aucune revendication ne portait sur la libération du Sahara, à l’exception des demandes légitimes formulées alors par le Maroc ;

– Mieux encore, bien avant que l’Algérie ne devienne indépendante ;

Antérieurement à tous ces faits, s’adressant aux chioukhs et aux représentants des tribus sahraouies venus lui faire allégeance -la Beia-, Notre Grand-Père avait souligné les droits historiques et légitimes du Maroc sur son Sahara.

Il déclara en substance : « Nous proclamons solennellement que nous poursuivrons notre action pour le retour de notre Sahara, dans le cadre du respect de nos droits historiques et conformément à la volonté de ses habitants… ». Fin de la parole de Notre Grand-Père, que Dieu le bénisse.

Replacée dans le contexte de l’époque, cette déclaration est sans ambiguïté, et nul ne peut remettre en cause son bien-fondé. Plus qu’un engagement, elle est l’expression d’une alliance pérenne entre le Trône et le Peuple.

En outre, cette proclamation atteste la permanence de la Marocanité du Sahara, et ce, bien avant la mise en scène artificielle d’un conflit indûment suscité autour de cette vérité historique. Aussi, le Sahara restera marocain jusqu’à la fin des temps, et les sacrifices qu’il sera nécessaire de consentir pour qu’il en soit toujours ainsi importent peu.

Par fidélité à ce pacte sacré et se prévalant de cette légitimité historique et politique, Notre Vénéré Père, Sa Majesté le Roi Hassan II, que Dieu l’ait en Sa sainte miséricorde, a conçu, avec sagacité, l’idée de la Marche Verte pour le recouvrement de nos provinces du Sud.

Marchant sur les traces de Notre Grand-Père et de Notre Père, Nous avons à cœur, maintenant que la terre est libérée, d’œuvrer, avec le même sens de l’engagement, pour assurer à la population de ces provinces les conditions d’une vie digne et pour favoriser son développement. Nous sommes aussi déterminé à libérer nos fils retenus dans les camps et à arrimer ces zones à la Mère-Patrie, de manière pleine et entière.

Cher peuple,

Dès Mon Accession au Trône, J’ai fait serment devant Dieu et devant toi, de tout mettre en œuvre, pour défendre notre intégrité territoriale et garantir aux habitants du Sahara les conditions d’une vie libre et digne.

Pour y parvenir, Nous avons constamment veillé à ce que l’action extérieure dédiée à la défense de nos droits légitimes soit menée en totale cohérence avec les efforts de développement interne, sous-tendus par un esprit de solidarité et d’unanimité nationale.

Sur le plan international, le Maroc maintient l’engagement qu’il a fait d’adhérer à la dynamique actuelle voulue par Son Excellence Monsieur Antonio Guterres, le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies et à coopérer avec son Envoyé Personnel. Il en sera ainsi tant que seront respectés les principes et les fondamentaux de la position marocaine. En voici quelques-uns :

– Premièrement : aucun règlement de l’affaire du Sahara n’est possible en dehors de la souveraineté pleine et entière du Maroc sur son Sahara, et en dehors de l’Initiative d’autonomie, dont la communauté internationale a reconnu le sérieux et la crédibilité.

– Deuxièmement : les expériences passées devraient permettre de méditer sur une évidence: le problème n’est pas tant de trouver une solution à cette affaire, mais plutôt d’arriver à définir le processus à suivre pour y parvenir ;

Il appartient, donc, aux parties à l’origine de ce conflit monté de toutes pièces, d’assumer pleinement leur responsabilité dans la recherche d’un règlement définitif ;

– Troisièmement : le plein respect des principes et fondamentaux retenus par le Conseil de Sécurité pour le traitement de ce conflit régional artificiel; l’organe onusien étant, de fait, la seule instance internationale chargée de superviser le processus de règlement ; et

– Quatrièmement : le refus catégorique de tout dépassement, de toute tentative de porter atteinte aux droits légitimes du Maroc et à ses intérêts supérieurs, de toute proposition obsolète visant à écarter le plan de règlement des paramètres référentiels retenus, de l’insertion abusive d’autres sujets, lesquels sont traités par des institutions compétentes.

Sur le plan interne, comme Je l’ai plusieurs fois souligné, nous n’allons pas rester les bras croisés à attendre que soit trouvée la solution souhaitée. Nous poursuivrons plutôt l’action engagée pour stimuler le développement de nos provinces du Sud et assurer à leur population les conditions d’une vie libre et digne.

Dans ce cadre, nous irons de l’avant dans la réalisation du modèle de développement propre à ces provinces, en parallèle avec la mise en œuvre de la régionalisation avancée, ce qui devrait permettre aux habitants de la région d’assurer la gestion démocratique de leurs affaires et de contribuer au développement de leur région.

En effet, les projets que Nous avons lancés et ceux que nous allons mettre en chantier, vont permettre au Sahara marocain de se positionner comme un pôle économique intégré. Appelé à servir de trait d’union entre le Maroc et sa profondeur africaine, il s’affirmera comme une plaque-tournante pour les relations entre les pays de la région.

Cher peuple,

Comme Nous l’avons souligné précédemment, ce modèle ne doit pas être ramené à sa seule dimension économique. Il s’agit bien en fait d’un projet de société cohérent qui a pour ambition de favoriser l’épanouissement de l’individu marocain, de préserver sa dignité et de le placer au cœur du processus de développement.

De ce fait, ce projet accorde une place particulière à la sauvegarde du patrimoine culturel et civilisationnel sahraoui, dont Nous mesurons la grande valeur affective pour les populations de la région.

Voilà pourquoi Nous veillons à prendre soin de la culture hassanie, en favorisant sa promotion grâce à des structures et des services culturels mis en place à cet effet, en encourageant les initiatives et les manifestations artistiques qui contribuent à son rayonnement, et en rendant hommage aux artistes, aux intellectuels et aux créateurs qui en sont les vecteurs.

Nous faisons de même pour toutes les composantes de l’identité marocaine unifiée. Car, Nous n’établissons aucune différence entre les patrimoines et les spécificités culturelles et linguistiques des régions du Maroc, qu’il s’agisse du Sahara, du Souss, du Rif, de l’Atlas ou de l’Oriental.

Par ailleurs, la volonté de prendre soin du patrimoine culturel local n’est en aucune manière une façon d’instiller le fanatisme ou de favoriser le repli sur soi. Ce n’est nullement une incitation à l’extrémisme ou au séparatisme. C’est, bien plutôt, une manière d’exprimer notre fierté d’une identité nationale plurielle, diverse qui se déploie pleinement dans le cadre du Maroc uni des régions.

Il est, donc, de notre responsabilité à tous, de sauvegarder ce patrimoine culturel et civilisationnel national, en protégeant ses ressources et en favorisant l’interaction féconde de ses différentes composantes. Corrélativement, il convient également de rester ouvert aux valeurs et aux civilisations universelles, d’embrasser le monde du savoir et de la communication.

Cher peuple,

La commémoration de l’anniversaire de la Marche Verte et le rappel du Discours de M’hamid El-Ghizlane constituent une occasion privilégiée d’exalter le patriotisme sincère, l’attachement loyal aux constantes de la nation, le sens du sacrifice pour la patrie.

C’est grâce à ces valeurs et à la mobilisation nationale collective que le Maroc a récupéré ses provinces du sud. C’est aussi grâce à cet idéal patriotique qu’aujourd’hui, il va de l’avant dans sa marche vers plus de développement et de réalisations.

Désormais, nous avons grand besoin de ces valeurs: il convient de les véhiculer à l’école, au sein de la famille, dans tous les secteurs de la vie sociale. Elles constituent un préalable pour qu’ensemble, nous soyons en mesure de relever les défis internes et externes qui se posent à notre pays.

A cette occasion, Nous tenons à exprimer la fierté que nous inspirent nos Forces Armées Royales et les forces de sécurité, toutes catégories confondues. Nous leur manifestons Notre considération pour leurs efforts, leurs sacrifices, et leur mobilisation constante à défendre, sous Notre commandement, l’intégrité territoriale du pays et à préserver sa sécurité et sa stabilité.

C’est, pour Nous, l’opportunité de renouveler notre engagement, de renforcer l’esprit de mobilisation collective, et, in fine, de stimuler la dynamique de développement global, à l’œuvre dans toutes les régions du Maroc, notamment nos provinces du sud. Cette entreprise est menée dans le cadre d’un Maroc uni, garantissant à tous ses enfants la liberté, la dignité et la justice sociale.

C’est le meilleur gage de fidélité à la mémoire immaculée des héros de la libération et de l’indépendance, avec, en première ligne, Notre Auguste Grand-Père, Sa Majesté le Roi Mohammed V, que Dieu ait son âme. C’est aussi un exemple de fidélité au serment de la Marche Verte et à l’artisan de cette épopée, Notre Vénéré Père, Sa Majesté le Roi Hassan II, que Dieu l’ait en Sa sainte miséricorde, et à tous les valeureux martyrs de la Nation.

Wassalamou alaykoum wa rahmatoullahi wa barakatouh”.

 

SM le Roi prononce un Discours à l’ouverture de la première session de la 2-ème année législative de la 10-ème législature

SM le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, a prononcé vendredi un discours devant les membres des deux Chambres du Parlement à l’occasion de l’ouverture de la première session de la 2-ème année législative de la 10-ème législature, dont voici le texte intégral :

«Louange à Dieu, Prière et salut sur le Prophète, Sa famille et Ses compagnons,

Mesdames et Messieurs les honorables parlementaires,

C’est avec une réelle joie et une égale fierté que Je viens une nouvelle fois à votre rencontre aujourd’hui, comme J’ai coutume de le faire chaque année, à l’ouverture de l’année législative du Parlement.

Cette session fait suite au Discours du Trône dans lequel Nous avons identifié les difficultés qui empêchent l’évolution de notre modèle de développement, et constaté les dysfonctionnements qui sévissent à tous les paliers de l’Administration et au niveau des conseils élus et des collectivités territoriales.

Dans ce contexte, prendre un temps d’arrêt pour engager une réflexion critique répond à une exigence du moment; ce n’est nullement une fin en soi, ni le terme du processus.

Cette pause marque plutôt l’avènement d’une étape cruciale, où il sera question d’établir une corrélation effective entre responsabilité et reddition des comptes. Il conviendra alors de rechercher activement des réponses et des solutions appropriées aux problèmes urgents et aux questions pressantes des citoyens.

Mesdames et Messieurs les parlementaires,

Nous ne critiquons pas pour le plaisir de critiquer, tout en laissant les choses en l’état. Notre volonté est, plutôt, de redresser la situation, en veillant à rectifier les erreurs commises et à corriger les dysfonctionnements constatés.

Nous posons les jalons d’une approche efficiente et balisons le terrain pour une marche d’un genre nouveau. De fait, l’action que Nous menons s’inscrit au cœur de Nos prérogatives constitutionnelles ; elle illustre Notre ferme volonté d’aller de l’avant dans la dynamique de réforme et de donner l’exemple à toute personne ou entité chargée de la gestion de la chose publique.

En Notre qualité de garant de l’Etat de droit, ayant la charge de veiller au respect de la loi, que Nous sommes, du reste, le premier à appliquer, Nous n’avons jamais hésité à sévir contre quiconque est convaincu de négligence dans l’accomplissement de son devoir national ou professionnel.

Dans l’état actuel des choses, une plus grande fermeté s’impose pour rompre avec le laisser-aller et les pratiques frauduleuses qui nuisent aux intérêts des citoyens.

Mesdames et Messieurs les parlementaires,

Les problèmes sont connus et les priorités sont claires; nous n’avons nul besoin de recourir à d’autres diagnostics vu qu’il y a, déjà, pléthore en la matière.

A maintes reprises, Nous avons fait le point de la situation et pris la pleine mesure des dysfonctionnements, lesquels sont connus de tous les Marocains.

Car, que demande-t-on en définitive ? en premier lieu, une mise en œuvre efficace des projets de développement programmés et mis en chantier; corrélativement, la recherche de solutions pratiques et réalisables aux vrais problèmes des citoyens et des réponses adaptées à leurs demandes raisonnables et à leurs attentes légitimes en termes de développement, d’éducation, de santé, d’emploi, etc.

En parallèle, il importe d’assurer un suivi rigoureux et continu de l’état d’avancement des programmes sociaux et développementaux, et d’accompagner les travaux engagés en les soumettant à une évaluation régulière et intègre.

A cette fin, Nous avons décidé la création d’un ministère délégué auprès de celui des Affaires étrangères, chargé des affaires africaines, et plus particulièrement de l’investissement, ainsi que la mise en place de deux cellules de suivi, l’une au Ministère de l’Intérieur et l’autre au Ministère des Finances.

En outre, Nous donnons nos orientations à la Cour des comptes pour qu’elle remplisse ses missions de suivi et d’évaluation des projets publics lancés dans les différentes régions du Royaume.

Aujourd’hui, les Marocains ont besoin d’un développement équilibré et équitable, garant de la dignité de tous, générateur de revenus et d’emplois, notamment au profit des jeunes; un développement qui contribue à instaurer un climat de tranquillité et de stabilité, et qui favorise une insertion réussie dans la vie familiale, sociale et professionnelle, que chaque citoyen appelle de ses vœux.

Ils souhaitent aussi la généralisation de la couverture médicale et la facilitation de l’accès digne de tous à de bons services de santé.

Aujourd’hui, les Marocains veulent que leurs enfants bénéficient d’un enseignement de qualité, qui ne se limite pas à développer des aptitudes de lecture et d’écriture, mais qui leur offre la garantie d’embrasser le monde du savoir et de la communication; un enseignement de qualité qui leur permette d’accéder au marché du travail, et de s’y insérer aisément, et qui contribue à la promotion individuelle et collective. Et non un enseignement qui fonctionne comme une machine à fabriquer des légions de diplômés chômeurs.

Les Marocains ont également besoin d’une justice équitable et efficace; ils ont besoin d’une Administration à leur service et au service de l’intérêt général, incitant à l’investissement, stimulant le processus de développement, loin de toute forme de clientélisme, de corruption et de prévarication.

Mesdames et Messieurs les parlementaires,

Si le Maroc a réalisé des progrès manifestes, mondialement reconnus, le modèle de développement national, en revanche, s’avère aujourd’hui inapte à satisfaire les demandes pressantes et les besoins croissants des citoyens, à réduire les disparités catégorielles et les écarts territoriaux et à réaliser la justice sociale.

A cet égard, Nous invitons le gouvernement, le parlement et les différentes institutions ou instances concernées, chacun dans son domaine de compétence, à reconsidérer notre modèle de développement pour le mettre en phase avec les évolutions que connaît le pays.

Nous formons le souhait que soit élaborée une conception intégrée de ce modèle, propre à lui insuffler un nouveau dynamisme, à dépasser les obstacles qui freinent son évolution et à apporter des remèdes aux faiblesses et autres dysfonctionnements révélés par les évaluations menées sur le terrain.

Fidèle à l’approche participative dont Nous nous prévalons toujours pour aborder les problématiques nationales majeures, comme la révision de la Constitution et la régionalisation avancée, Nous appelons à ce que soient associés à ce processus de réflexion l’ensemble des compétences nationales, des acteurs sérieux et des forces vives de la nation.

En outre, Nous appelons tout un chacun à faire montre d’objectivité en appelant les choses par leur nom, sans complaisance ni fioriture, et en proposant des solutions innovantes et audacieuses; quitte à s’écarter des méthodes conventionnelles appliquées jusqu’ici, ou même, à provoquer un véritable séisme politique.

Nous voulons qu’à l’échelle de la nation, soit observée une escale, donnant le temps de se pencher collectivement sur les questions et les problèmes qui préoccupent les Marocains. Nous contribuerons ainsi à éveiller une prise de conscience de la nécessité de faire évoluer les mentalités qui font obstruction à la réalisation du développement global que Nous souhaitons.

Tout en réaffirmant Notre volonté de suivre cette question, Nous attendons de prendre attentivement connaissance des propositions et des mesures qui seront adoptées pour servir de base à l’élaboration du projet d’un nouveau modèle de développement.

Mesdames et Messieurs les parlementaires,

Quelque que soit le niveau de maturité atteint par notre modèle de développement, il aura toujours une rentabilité limitée, s’il ne s’appuie pas sur des mécanismes efficaces capables d’assurer son évolution aux niveaux local et régional.

Voilà pourquoi Nous avons constamment appelé à agir avec plus de célérité dans le domaine de la régionalisation avancée car sa mise en œuvre pleine et entière apportera des réponses tangibles aux demandes sociales, aux attentes en développement qui s’expriment dans les différentes régions du Royaume.

En effet, la régionalisation n’est pas seulement un ensemble de lois et de procédures administratives. Elle est, fondamentalement, l’expression d’un changement profond dans les structures de l’Etat; elle est aussi le support d’une approche pratique en matière de gouvernance territoriale.

Bien plus, elle est le moyen le plus efficace de venir à bout des problèmes locaux et de satisfaire les demandes des populations qui en sont affectées. En effet, la régionalisation repose sur deux fondements: être à l’écoute des citoyens et les associer à la prise de décision, notamment à travers leurs représentants au sein des conseils élus.

Conscient qu’il n’y a pas de solutions toutes faites aux problèmes qui se posent dans les différentes régions du pays, Nous insistons sur la nécessité d’ajuster les politiques publiques aux préoccupations des citoyens, en fonction des besoins et des spécificités de chaque région.

Pour garantir une gestion encore plus efficace des affaires publiques locales, Nous mettons l’accent sur la nécessité de combiner le transfert des compétences aux régions à celui de ressources humaines qualifiées et de moyens financiers suffisants.

A cet égard, Nous donnons nos orientations au gouvernement pour établir un échéancier rigoureux de parachèvement de la régionalisation avancée.

Par ailleurs, Nous engageons les conseils élus, notamment au niveau des régions, à assumer pleinement leurs responsabilités dans la gestion des affaires de chaque région. A cet effet, ils doivent prendre les initiatives nécessaires pour se mettre en phase avec les populations et satisfaire leurs demandes légitimes.

Nous appelons aussi, comme Nous l’avons fait plus d’une fois auparavant, à l’élaboration et à l’adoption d’une charte avancée de la déconcentration administrative. Nous exhortons également à la fixation d’un échéancier précis pour l’application de cette charte.

Mesdames et Messieurs les parlementaires,

Hélas, le progrès enregistré au Maroc ne profite pas à tous les citoyens. En particulier, il ne touche pas ceux à qui Nous vouons une bienveillante sollicitude : nos jeunes qui représentent plus d’un tiers de la population.

En effet, assurer la mise à niveau de la jeunesse marocaine pour favoriser son engagement actif et efficient dans la vie publique nationale, constitue un défi majeur qu’il convient de relever de manière appropriée. Nous l’avons souligné à maintes reprises, notamment dans le Discours du 20 août 2012: la jeunesse représente notre véritable richesse; loin d’être un frein au développement, elle en constitue le moteur.

Du fait des changements sociaux à l’œuvre au Maroc, la jeunesse s’affirme désormais comme un nouvel acteur clé, et exerce une influence significative sur la scène nationale.

Toutefois, en dépit des efforts consentis, à Nos yeux et à ceux des intéressés, la situation de nos jeunes reste insatisfaisante. Parmi eux, nombreux sont ceux qui souffrent de l’exclusion, du chômage et se trouvent dans l’impossibilité de finir leurs études, parfois même d’accéder aux services sociaux de base.

De plus, le système d’éducation et de formation ne remplit pas efficacement son rôle dans la mise à niveau et l’insertion socio-économique des jeunes.

Certes, d’un certain point de vue, les politiques publiques sectorielles et sociales réservent une place importante aux jeunes. Toutefois, leur impact sur la situation de cette frange de la population reste limité, en raison de la faible efficacité des programmes, de leur manque de cohérence, de leur inadéquation aux spécificités de chaque catégorie de jeunes.

Par ailleurs, les questions liées à la jeunesse sont indissociables des problématiques de croissance, d’investissement et de travail. Voilà pourquoi, pour remédier à la situation précaire des jeunes, il est nécessaire d’innover par des initiatives et des projets concrets, susceptibles de libérer leurs énergies, de leur assurer un emploi, un revenu stable. Alors seulement, ils seront aptes à apporter leur concours actif au développement du pays.

A titre d’exemple, Je cite le cas particulier des jeunes qui travaillent dans le secteur informel. Leur situation requiert la recherche de solutions réalistes n’impliquant pas nécessairement la mobilisation d’importantes ressources matérielles, mais assurant des moyens et des espaces de travail appropriés pour qu’ils exercent leur activité en toute légalité. De tels remèdes ont l’avantage de créer des bénéfices profitables à cette catégorie de la population et, au-delà, à la société tout entière.

A l’instar de l’Initiative nationale pour le Développement humain, Nous appelons à l’élaboration d’une nouvelle politique intégrée dédiée aux jeunes. Axée fondamentalement sur la formation et l’emploi, celle-ci devrait avoir le potentiel nécessaire pour proposer des solutions réalistes aux problèmes réels des jeunes, notamment ceux qui vivent en milieu rural et dans les quartiers périphériques et pauvres.

Pour que cette nouvelle politique puisse réussir et répondre à l’exigence d’efficacité, Nous recommandons que les dispositions de la Constitution servent de source d’inspiration pour son élaboration, et que la parole soit donnée aux jeunes pour qu’ils y contribuent. Nous appelons aussi à une ouverture sur les différents courants de pensée et à une exploitation judicieuse des rapports et des études dont Nous avons ordonné la préparation, notamment le Rapport sur «la Richesse globale du Maroc», et la «Vision 2030 pour l’Education et la Formation».

Dans la perspective de l’élaboration et de l’adoption de cette politique, Nous appelons à activer la mise en place du Conseil consultatif de la Jeunesse et de l’Action associative. La mission de cette institution constitutionnelle est, en effet, d’animer le débat sur les questions liées à la jeunesse, d’émettre des avis sur le sujet et d’assurer un suivi de la situation de cette catégorie de la population.

Mesdames et Messieurs les parlementaires,

Les dysfonctionnements qui entachent la gestion des affaires publiques ne sont pas une fatalité. Les surmonter n’est pas impossible, à condition de s’armer d’une volonté sincère et d’exploiter judicieusement les moyens disponibles.

Cette tâche est de votre ressort, parlement, gouvernement et élus: vous êtes comptables devant Dieu, devant le Peuple et devant le Roi de la situation dans laquelle le pays se trouve actuellement.

Vous devez, donc, souscrire, avec responsabilité et sincérité, à l’effort national visant à changer cet état des choses, loin de toute considération politicienne ou partisane.

La Patrie appartient à tous les citoyens; l’ensemble des Marocains ont donc le droit de bénéficier des bienfaits du progrès et des fruits de la croissance.

Soyez donc, que Dieu vous garde, à la hauteur de la lourde responsabilité nationale qui vous incombe; œuvrez dans l’intérêt bien compris de la Nation et des citoyens.

Dieu a dit dans Son Livre-Saint : «Puis une fois que tu t’es décidé, confie-toi donc à Allah, Allah aime, en vérité, ceux qui Lui font confiance ». Véridique est la parole du Seigneur.

Wassalamou alaykoum warahmatou Allah wabarakatouh»

Discours de SM le Roi adressé à la Nation à l’occasion du 64-ème anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple

SM le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, a adressé, dimanche 20 août 2017, un discours à la Nation à l’occasion du 64-ème anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple.

Voici le texte intégral du Discours Royal :

«Louange à Dieu, Prière et salut sur le Prophète, Sa famille et Ses compagnons,

Cher peuple,

La Révolution du Roi et du Peuple, dont nous commémorons aujourd’hui le soixante-quatrième anniversaire, est plus qu’une épopée nationale symbolisant pour l’éternité la communion entre un Roi combattant et un peuple engagé dans la lutte pour l’indépendance du Maroc et pour le retour au pays de son Souverain légitime.

Il s’agit d’un moment phare dans l’histoire du Maroc, qui vit son aura et ses effets salutaires s’étendre bien au-delà des frontières nationales pour rayonner jusqu’aux confins de l’Afrique.

Expression d’un élan populaire spontané, cet épisode mémorable, marqué du sceau du sacrifice et de la fidélité, fut une source d’inspiration pour les mouvements de libération au grand Maghreb et en Afrique australe et boréale.

Cette glorieuse épopée fut également le catalyseur d’une prise de conscience aigüe et d’une foi accrue dans la communauté de destin qui unit le Maroc à son continent. Le lien fusionnel prit, d’abord, forme à travers le combat commun qui fut mené pour retrouver la liberté et recouvrer l’indépendance. Il se cristallisa ensuite autour de la construction des Etats africains indépendants, dont la clé de voûte fut le respect de la souveraineté, l’unité nationale et l’intégrité territoriale des pays du continent.

Aujourd’hui, cette œuvre solidaire se poursuit dans le but de réaliser le développement commun et le progrès partagé auxquels aspirent tous les peuples africains.

C’est, donc, sans surprise que le Maroc, imprégné de la symbolique et des valeurs inhérentes à cette glorieuse Révolution, adopta, dès son indépendance, des positions fermes à l’avantage de l’Afrique, et prit des initiatives concrètes en sa faveur. Cette fibre africaine se manifesta notamment à travers :

– La participation, en 1960, à la première opération de maintien de la paix au Congo ;

– La tenue, la même année, à Tanger, de la première réunion de la Commission de développement de l’Afrique ; et

– La création inédite, au sein du Gouvernement de 1961, d’un ministère pour les affaires africaines ayant pour mission de soutenir les mouvements de libération.

Ces efforts sincères en faveur des peuples africains furent couronnés en 1961 par la tenue de la Conférence de Casablanca, qui posa les premiers jalons pour l’avènement, en 1963, de l’Organisation de l’Unité Africaine.

Ainsi, l’engagement du Maroc à défendre les Causes et les intérêts de l’Afrique ne date pas d’aujourd’hui. C’est plutôt une orientation immuable que Nous avons héritée de Nos Ancêtres, et que Nous continuons à conforter avec assurance et fierté.

Cher peuple,

Le choix du Maroc de se tourner vers l’Afrique n’a pas été le fruit d’une décision fortuite. Il n’a pas été non plus dicté par des calculs conjoncturels ou des supputations éphémères. Il est plutôt le gage de notre fidélité à cette histoire commune, et l’expression d’une foi sincère dans la communauté de destin qui nous rassemble.

Ce choix est également l’aboutissement d’une méditation profonde et réaliste, organisée autour d’une vision stratégique inclusive à long terme, et adossée à une approche graduelle fondée sur la notion de consensus.

Axée sur une connaissance pointue de la réalité africaine, Notre politique continentale est magistralement illustrée à travers plus de cinquante déplacements effectués au cours de Notre règne dans plus de vingt-neuf pays, dont quatorze ont été visités depuis octobre dernier. Elle s’articule également autour de la promotion des intérêts communs par la mise en place de partenariats solidaires gagnant-gagnant.

Cette approche concrète trouve sa meilleure illustration dans les mégaprojets de développement que Nous avons lancés, comme le gazoduc atlantique Nigéria-Maroc, la construction de complexes de production d’engrais en Ethiopie et au Nigéria, la réalisation de projets de développement humain destinés à améliorer les conditions de vie des populations africaines, comme les services et les installations sanitaires, les établissements de formation professionnelle, les villages de pêcheurs.

De plus, cette politique a été couronnée par le renforcement de nos partenariats économiques, le retour du Maroc à l’Union Africaine et l’Accord de principe donné pour l’adhésion de notre pays au sein de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest.

La réintégration par le Maroc de l’Institution continentale constitue un tournant diplomatique majeur dans la politique extérieure de notre pays.

C’est un franc succès pour notre orientation africaine, surtout au regard des obstacles que certains ont tenté de dresser sur notre chemin. C’est aussi une reconnaissance solennelle de la crédibilité dont le Maroc jouit auprès de nos frères africains, et une preuve éloquente de la place privilégiée qu’ils lui réservent dans leurs cœurs.

En relation avec cet événement historique, Je tiens à exprimer de nouveau Mes remerciements et Ma considération pour l’ensemble des pays du continent qui se sont tenus à nos côtés, et même pour ceux qui n’ont pas appuyé notre demande. Car Je suis persuadé qu’ils changeront de position une fois qu’ils auront mesuré la sincérité de nos orientations.

Ce retour, pour important et décisif qu’il est, n’est pas une fin en soi. Car l’Afrique a toujours été et demeurera en tête de nos priorités. Ce qui importe, en définitive, pour nous, c’est de contribuer à son essor et de servir le citoyen africain.

Quiconque délaisse l’Afrique ou la sous-estime par un désintérêt manifeste pour ses Causes, ou encore mène une politique de subornation pour s’assurer des positions favorables, ne doit en vouloir à personne d’autre qu’à lui-même.

En ce qui Nous concerne, l’Afrique représente l’avenir qui commence aujourd’hui.

Quiconque considère que le retour à l’Union Africaine a été la seule et unique motivation derrière tout ce que nous avons entrepris jusqu’à présent, montre par là qu’il ne Me connaît pas vraiment.

L’heure est à l’action. Et le Maroc est soucieux de poursuivre les efforts qu’il mène à l’intérieur de son continent, depuis plus de quinze ans.

Il faut souligner ici que le retour du Maroc à son Institution continentale n’affectera pas les solides relations bilatérales qu’il entretient avec les pays africains. Et, en aucune manière, il n’aura d’incidence négative sur les projets de développement d’ores et déjà mis en place conjointement avec ces pays.

De fait, ce retour est essentiellement le début d’une nouvelle étape qui sera marquée par un travail conjoint avec tous les pays africains pour donner corps à un véritable partenariat solidaire et œuvrer ensemble à l’essor de notre continent et à la satisfaction des besoins des citoyens africains.

Nous sommes engagés actuellement à construire une Afrique sûre d’elle-même, solidaire, unie autour de projets concrets, ouverte sur son environnement.

C’est en souscrivant à cette conception intégrée de l’Afrique que le Royaume a officialisé sa volonté d’adhérer à la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest.

A cet égard, Nous tenons à remercier les dirigeants des Etats-membres de cette communauté d’avoir donné leur accord de principe pour l’adhésion du Maroc à cette entité régionale, en tant que membre à part entière.

Etant donné que cette Organisation constitue un prolongement naturel de l’Union Africaine, il ne fait aucun doute que l’adhésion du Maroc à ces deux ensembles contribuera à l’essor économique du continent et à son développement humain.

C’est une décision politique historique, qui marque une étape clé dans le processus d’intégration africaine, conçue exclusivement comme la synthèse de toutes les intégrations régionales. Ceci est d’autant plus vrai que, dans un contexte particulier de politique internationale, les regroupements régionaux sont désormais des acteurs influents.

Se prévalant de son statut au sein de cette Communauté, le Royaume du Maroc s’attachera à asseoir les fondements d’une intégration réelle pensée pour servir l’Afrique et réaliser les attentes de ses peuples qui aspirent au développement et à une vie digne menée dans un climat empreint d’unité, de sécurité et de stabilité.

Cher peuple,

Nous avons choisi de mener une politique de solidarité à l’égard du reste des pays africains en mettant en place, avec eux, des partenariats équilibrés, sur la base du respect mutuel et dans l’intérêt bien compris des peuples africains.

En effet, le Maroc n’a jamais cherché à faire valoir l’argent comme monnaie de change dans ses rapports avec ses frères africains. Il a plutôt fait le choix de mettre son savoir-faire et son expérience à leur disposition, car Nous sommes persuadé que la vraie source de profit pour les peuples n’est pas l’argent précaire, mais l’essence impérissable de la connaissance.

Et ces pays le savent bien. Voilà pourquoi ils sollicitent la coopération du Maroc et son soutien pour appuyer leurs efforts dans de nombreux domaines, et non l’inverse.

Ils ont, en effet, conscience de la volonté qui Nous anime de construire avec eux des partenariats fructueux, axés sur des investissements et des programmes rigoureusement définis associant les secteurs public et privé dans les pays concernés.

Quant à ceux qui, bien qu’au fait de la vérité, s’ingénient néanmoins à colporter nombre de mystifications, notamment que le Maroc débourserait des sommes considérables en Afrique, au lieu de les allouer aux Marocains, il est clair que ce n’est pas l’intérêt du pays qui les guide.

En réalité, l’orientation du Maroc vers l’Afrique ne changera rien à nos positions et ne se fera pas au détriment des priorités nationales. A l’inverse, elle apportera une plus-value à l’économie nationale et contribuera à renforcer les relations de notre pays avec sa profondeur africaine.

D’ailleurs, ce choix judicieux s’est répercuté directement et de façon positive sur la question de notre intégrité territoriale, comme en témoignent les positions des pays à ce sujet et les décisions de l’Union Africaine y afférentes.

Cette nouvelle donne a eu pour effet de renforcer la dynamique que ce dossier connaît au niveau des Nations Unies.

Placée sous le signe de la fermeté et de la rigueur, 2016 a été aussi l’année de l’acte joint à la parole au vu de la manière dont ont été contrées les manœuvres engagées pour porter atteinte à nos droits. Pour 2017, c’est l’année de la clarté par excellence et du retour aux principes et aux termes référentiels retenus pour le règlement de ce conflit artificiel suscité autour de la marocanité du Sahara.

Cette approche ferme et claire a permis de remettre le processus de règlement onusien sur la bonne voie et de barrer la route aux menées qui cherchent à le dévier vers un horizon inconnu.

Cette orientation a été réaffirmée en avril dernier dans le rapport du Secrétaire général des Nations Unies et à travers les résolutions du Conseil de sécurité. Outre le respect des références encadrant le processus de règlement engagé et l’appréciation positive de l’Initiative d’autonomie marocaine perçue comme un cadre de négociation valable, l’accent a été mis sur l’établissement des responsabilités juridiques et politiques qui incombent à la partie véritablement impliquée dans ce conflit régional.

Menée à la fois avec sérénité et fermeté, la gestion proactive de la crise d’El-Guergarate a permis, par ailleurs, de faire échec aux tentatives destinées à altérer la situation qui prévaut dans notre Sahara, et de démystifier la chimère entretenue par les ennemis du Maroc autour de supposés « territoires libérés ».

Parallèlement, la proposition marocaine d’autonomie bénéficie d’un appui international soutenu, illustré par le nombre croissant de pays ayant retiré leur reconnaissance à cette entité fantomatique, ainsi que par la régularisation du cadre juridique régissant le partenariat économique entre le Maroc et bon nombre de grandes puissances.

Cher peuple,

La Révolution du 20 août n’a pas été uniquement un événement saillant dans l’histoire du Maroc. Elle a eu aussi des conséquences majeures et des prolongements significatifs dans les sphères maghrébine et africaine.

Aujourd’hui, nous avons grand besoin de faire nôtres les valeurs de sacrifice, de fidélité et de don de soi permanent pour porter dignement le flambeau de cette Révolution renouvelée sur la scène nationale et continentale.

C’est armés de ces principes et dotés d’un sens poussé du travail collectif que nous serons en mesure de relever les défis complexes qui nous assaillent, de mener à bonne fin le processus de développement global, et de consolider la sécurité et la stabilité que les peuples de la région appellent de leurs vœux.

A ce propos, Nous tenons à saluer le travail sérieux et la mobilisation efficace de la diplomatie marocaine qui œuvre à défendre les intérêts supérieurs du Maroc, à conforter la crédibilité dont il jouit à l’international et à étendre son rayonnement à l’échelle régionale, continentale et internationale.

Cher peuple,

C’est avec une vive émotion et un profond recueillement que Je me remémore, en cette occasion, le souvenir de Ma Famille pendant son exil à Madagascar, où Je me suis rendu en visite l’année dernière.

Au cours de ce séjour, J’ai pu mesurer toute l’affection et la considération sincères que le peuple malgache porte à la Famille Alaouite. J’ai renoué avec des souvenirs émouvants et pris la juste mesure des rapports humains cordiaux tissés à l’époque entre la population malgache et les membres de la Famille Royale, en dépit des conditions pénibles de l’exil et de la contrainte pesante d’être à mille lieues de la Mère Patrie.

Nous avons également une pensée émue et déférente pour les vaillants martyrs de la Patrie, avec en première ligne, Notre Vénéré Grand-Père, Sa Majesté le Roi Mohammed V, et Notre Auguste Père, Sa Majesté le Roi Hassan II, que Dieu ait leur âme.

Wassalamou alaikoum warahmatoullahi wabarakatouh».

SM le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, a adressé samedi un discours à la Nation à l’occasion de la Fête du Trône, qui coïncide cette année avec le 18-ème anniversaire de l’accession du Souverain au Trône de Ses glorieux ancêtres.

Louange à Dieu,.

Paix et Salut sur le Prophète, Sa Famille et Ses Compagnons.

Cher peuple,.

La date d’aujourd’hui marque le dix-huitième anniversaire de la Glorieuse Fête du Trône, célébré dans un contexte national riche en acquis et chargé en défis.

C’est, pour Nous, une occasion annuelle de renouveler les liens de la Beia qui Nous unissent mutuellement, et de Nous arrêter avec toi sur l’état de la Nation.

Les projets de développement, les réformes politiques et institutionnelles que Nous menons poursuivent un seul objectif : servir le citoyen, là où il vit dans notre pays, sans distinction entre le nord et le sud, l’est et l’ouest, ni entre citadins et ruraux.

Certes, les moyens dont dispose le Maroc sont limités. Et il est vrai que de nombreuses régions ont un besoin accru en services sociaux de base.

Mais le Maroc, Dieu soit loué, se développe à un rythme soutenu. Clair et manifeste, ce progrès est unanimement attesté dans les domaines les plus divers.

Cependant, nous vivons aujourd’hui un paradoxe irrécusable, mais difficile à admettre.

En effet, d’une part, le Maroc jouit d’une grande crédibilité à l’échelle continentale et internationale, et bénéficie de l’estime de nos partenaires, de la confiance de grands investisseurs comme « Boeing », « Renault » et « Peugeot ». Et pourtant, d’autre part, Nous constatons avec contrariété que, dans certains secteurs sociaux, le bilan et la réalité des réalisations sont en-deçà des attentes. N’a-t-on pas honte de signaler que ces résultats sont le fait du Maroc d’aujourd’hui ?.

Nous avons réussi dans la mise en œuvre de nombreux plans sectoriels comme ceux de l’agriculture, de l’industrie et des énergies renouvelables. Néanmoins, les projets de développement humain et territorial, qui ont un impact direct sur l’amélioration des conditions de vie des citoyens, ne Nous font pas honneur et restent en-deçà de Notre ambition.

Dans bon nombre de domaines, cet état de choses tient essentiellement au faible niveau du travail en commun et à l’absence d’une vision nationale et stratégique. Il résulte aussi du fait que la dysharmonie l’emporte trop souvent sur la cohérence et la transversalité, que la passivité et la procrastination remplacent l’esprit d’initiative et l’action concrète.

Cette réalité paradoxale est encore accentuée lorsqu’on établit un parallèle entre, d’une part, le secteur privé rendu efficient et compétitif grâce à un modèle de gestion organisé autour des notions de suivi, de contrôle et d’incitation, et, d’autre part, le secteur public, en particulier l’Administration publique, qui souffre d’une faible gouvernance et d’une productivité insuffisante.

En effet, le secteur privé attire les meilleurs cadres formés dans notre pays, lesquels participent aujourd’hui à la gestion des plus grandes compagnies internationales installées au Maroc, et administrent les petites et les moyennes entreprises nationales.

En revanche, les fonctionnaires publics, pour la plupart d’entre eux, manquent de compétences et d’ambition et n’ont pas toujours des motivations liées au sens des responsabilités, liées à leur mission.

Mieux encore, certains d’entre eux pratiquent l’absentéisme, se satisfaisant d’un traitement mensuel sûr, pour modique qu’il est, ne manifestant aucune ardeur au travail et ne nourrissant aucune ambition professionnelle.

L’un des problèmes qui entravent aussi le progrès du Maroc, réside dans la faiblesse de l’Administration publique, en termes de gouvernance, d’efficience ou de qualité des prestations offertes aux citoyens.

A titre d’exemple, les Centres régionaux d’Investissement, si l’on en excepte un ou deux, constituent un problème et un frein au processus d’investissement : ils ne jouent pas leur rôle de mécanisme incitatif ; eux qui ont, en principe, vocation à régler les problèmes qui se posent régionalement aux investisseurs, à leur épargner le besoin de se déplacer auprès de l’Administration centrale.

Ce dysfonctionnement a des retombées négatives sur les régions qui souffrent d’une insuffisance, voire d’une inexistence de l’investissement privé, autant que de la faible productivité du secteur public. Cette situation ne manque pas d’affecter les conditions de vie des citoyens.

En effet, elle accentue les difficultés de certaines régions qui ont un grand déficit en installations et en prestations sanitaires, éducatives et culturelles, ainsi qu’en opportunités d’emploi. Dans ces régions, il est nécessaire de recourir à une mutualisation accrue des efforts qui leur permettra de rattraper le retard accumulé, de combler le manque existant et, in fine, de s’arrimer au train du développement.

En revanche, on constate que les régions qui connaissent une activité intense du secteur privé comme Casablanca, Rabat, Marrakech et Tanger, vivent au rythme d’un dynamisme économique fort, générateur de richesse et d’emplois.

Pour mettre fin à ces dysfonctionnements, il appartient donc au gouverneur et au caïd, au directeur et au fonctionnaire, ainsi qu’au responsable communal, etc., d’adopter les méthodes actives de travail et les objectifs ambitieux des cadres du secteur privé. Mus par le sens des responsabilités, ils doivent faire honneur à l’Administration, et aboutir à des résultats concrets. Car, en définitive, leur responsabilité est de veiller sur les intérêts des gens.

Cher peuple,.

Nos choix en matière de développement restent globalement pertinents. Mais, le problème a trait à l’immobilisme des mentalités, et aux carences en termes d’exécution et d’innovation.

En effet, l’évolution politique du Maroc et ses progrès en matière de développement ne se sont pas répercutés positivement sur l’attitude affichée par les partis, les responsables politiques et les administratifs, au regard des aspirations et des préoccupations réelles des Marocains.

En effet, quand le bilan se révèle positif, les partis, la classe politique et les responsables s’empressent d’occuper le devant de la scène pour engranger les bénéfices politiques et médiatiques des acquis réalisés.

Mais, quand le bilan est décevant, on se retranche derrière le Palais Royal et on lui en impute la responsabilité.

Voilà pourquoi les citoyens se plaignent, auprès du Roi, des administrations et des responsables qui font preuve de procrastination dans le règlement de leurs doléances et le traitement de leurs dossiers. Voilà pourquoi ils sollicitent Son intervention pour mener leurs affaires à bonne fin.

Le devoir exige que les citoyens reçoivent, dans des délais raisonnables, des réponses convaincantes à leurs interrogations et à leurs plaintes. A cet égard, il est impératif d’expliquer les décisions prises et d’en justifier la teneur, même quand elles sont sanctionnées par un refus. A ce propos, tout refus doit reposer sur un fondement juridique : soit que la demande introduite constitue une infraction à la loi, ou que le citoyen n’a pas rempli toutes les formalités requises.

Face à cet état de fait, le citoyen est en droit de se demander : à quoi servent les institutions en place, la tenue des élections, la désignation du gouvernement et des ministres, la nomination des walis et des gouverneurs, des ambassadeurs et des consuls, si, visiblement, un fossé sépare toutes ces instances du peuple et de ses préoccupations ?

De fait, les pratiques de certains responsables élus poussent un nombre de citoyens, notamment les jeunes, à bouder l’engagement politique et la participation aux élections. La raison en est qu’ils ne font tout simplement pas confiance à la classe politique, et que certains acteurs ont perverti l’action politique en la détournant de la noble finalité qui lui est assignée par définition.

Si le Roi du Maroc n’est pas convaincu par certaines pratiques politiques, s’il ne fait pas confiance à nombre de politiciens, que reste-t-il, donc, au peuple ?

A tous ceux qui déçoivent les attentes du peuple, Je dis : « Assez ! Ayez crainte de Dieu pour ce qui touche à votre patrie… Acquittez-vous pleinement des missions qui sont les vôtres, ou bien éclipsez-vous ! Car le Maroc compte des femmes et des hommes honnêtes et sincères envers leur pays.

Désormais, cette situation ne peut perdurer car ce qui est en jeu, ce sont les intérêts de la Nation et ceux des citoyens. Et là, Je pèse mes mots et j’exprime ici avec force et conviction le fruit d’une profonde méditation.

Cher peuple,.

La charge et l’honneur de servir le citoyen vont de la satisfaction de ses simples demandes jusqu’à la réalisation de projets, quelle qu’en soit l’envergure.

Car, comme Je le dis souvent, il n’y a pas de petits et de grands projets. Il n’y a que des projets qui visent à satisfaire les besoins des citoyens.

Qu’il soit réalisé à l’échelle d’un quartier, d’un douar, d’une ville ou d’une région, ou qu’il concerne tout le pays, un projet a toujours le même objectif : celui de servir le citoyen. En ce qui me concerne, Je considère que le creusement d’un puits et la construction d’un barrage revêtent la même importance, dans la mesure où ces réalisations visent le bien-être des citoyens.

La notion de responsabilité a-t-elle encore un sens, si celui qui en est dépositaire perd de vue son exigence la plus élémentaire, à savoir la nécessité d’être à l’écoute des préoccupations des citoyens?

Je ne comprends pas comment un responsable qui ne fait pas son devoir, peut sortir de chez lui, se mettre au volant de sa voiture, s’arrêter au feu rouge, et avoir l’impudence, l’effronterie de lever les yeux sur les passants, ses administrés, ceux qui (et il le sait) sont parfaitement informés de son manque de scrupules.

N’ont-ils pas honte, ces responsables qui n’accomplissent pas leur devoir alors qu’ils ont prêté serment devant Dieu, la Patrie et le Roi ? Ne conviendrait-il pas de destituer tout responsable à chaque fois qu’on établit une négligence ou un manquement de sa part dans l’exercice de ses fonctions ?

Ici, Je mets l’accent sur la nécessité d’une application stricte des dispositions de l’alinéa 2 de l’Article premier de la Constitution, alinéa qui établit une corrélation entre responsabilité et reddition des comptes.

Le temps est venu de rendre ce principe pleinement opérationnel. En effet, tout comme la loi s’applique à tous les Marocains, elle doit s’imposer en premier lieu à tous les responsables, sans exception ni distinction, à l’échelle de tout le Royaume.

Nous nous trouvons à une nouvelle étape de notre action publique : il n’y a pas de différence entre le responsable et le citoyen en termes de droits et d’obligations liés à la citoyenneté, et il n’y a pas lieu de se dérober à ses responsabilités ou de jouir de l’impunité.

Cher peuple,.

J’insiste ici sur la nécessité d’une mise en œuvre entière et judicieuse de la Constitution. Je réaffirme que cette responsabilité collective concerne tous les acteurs, chacun selon son domaine de compétence : gouvernement, parlement, partis et institutions.

Par ailleurs, lorsqu’un responsable, poussé par des calculs politiques ou personnels, arrête ou retarde un projet de développement ou à caractère social, un tel agissement ne constitue pas uniquement un manquement au devoir, mais bien une trahison, en ce sens qu’il porte préjudice aux intérêts des citoyens et les prive de leurs droits légitimes.

Ce qui est surprenant, c’est que, parmi les responsables qui ont échoué dans leur mission, il y en ait certains qui pensent mériter une promotion !

Ces agissements et ces dysfonctionnements accréditent l’idée répandue chez l’ensemble des Marocains que la course aux postes est un moyen d’engranger les bénéfices de la rente ; ils résonnent comme des exemples d’abus d’autorité et de trafic d’influence.

Et les occurrences avérées sur le terrain poussent certains, hélas, à admettre la validité de cette thèse.

Mais, Dieu soit loué, ce constat ne concerne pas tous les responsables administratifs et politiques : nombre d’entre eux sont, au contraire, des personnes honorables, connues et reconnues pour leur patriotisme sincère, leur intégrité, leur impartialité et leur engagement au service de l’intérêt général.

Cher peuple,

Les événements, qui se sont produits dans certaines régions, ont révélé, hélas, une irresponsabilité sans précédent.

En effet, au lieu que chaque partie remplisse son devoir national et professionnel, et que prévalent l’esprit de coopération et la volonté de mise en commun des efforts pour régler les problèmes des habitants, la situation a dérapé à tel point que les différents acteurs se sont rejeté mutuellement la responsabilité. Au moment où se sont imposés les calculs politiques étriqués, la notion de patrie s’est éclipsée et les intérêts des citoyens ont été malmenés.

Certains partis politiques pensent que leur mission consiste à tenir leurs congrès, à réunir leurs bureaux et leurs comités exécutifs, et qu’elle s’interrompt à la fin des campagnes électorales !

Et lorsqu’il s’agit de communiquer avec les citoyens et de régler leurs problèmes, ces partis sont aux abonnés absents et ne remplissent nullement leur mission. C’est là une attitude inadmissible, de la part d’instances dont la fonction est de représenter, d’encadrer les citoyens et de servir leurs intérêts.

Il ne M’était pas venu à l’esprit que la lutte partisane et les règlements de comptes auraient pu, à ce point, léser les intérêts des citoyens.

De fait, la gestion des affaires publiques doit rester bien à l’écart des intérêts personnels et partisans, à l’abri des discours populistes. Elle ne doit pas non plus être entachée par certaines expressions étranges qui entachent l’action politique.

Or, Nous avons constaté que la plupart des acteurs préfèrent raisonner en termes de gain et de perte, qu’ils s’évertuent à préserver leur capital politique, voire à le renforcer, et que, de ce fait, ils agissent au détriment de la patrie et contribuent à la détérioration de la situation.

La renonciation des partis politiques et de leurs représentants à remplir leur rôle, parfois à dessein et de propos délibéré, et, d’autres fois, par défaut de crédibilité et de patriotisme, a rendu la situation plus précaire encore.

Devant ce vide regrettable et dangereux, les forces publiques, qui se sont trouvées face à la population, ont assumé leur responsabilité avec courage, patience, retenue et ont fait preuve d’un grand respect de la loi. Elles ont ainsi préservé la sécurité et la stabilité.

Je parle ici d’Al-Hoceima, même si la description de ce qui s’y est passé est valide pour toute autre région.

Le constat que Je dresse ici contredit les allégations portées par certains concernant le recours à ce qu’ils désignent abusivement sous le nom d’approche sécuritaire. Leur vision donne l’impression que le Maroc est assis sur un volcan, et qu’à chaque foyer, à chaque citoyen correspond un policier qui surveille.

Il y en a même qui affirment l’existence de deux courants, l’un radical, et l’autre modéré, ayant des vues divergentes sur l’attitude à adopter face à ces événements. Cette allégation est totalement fausse.

Les Marocains savent que les tenants de cette thèse caduque s’en servent comme un fonds de commerce, et que leurs propos sont dénués de toute crédibilité.

La vérité, c’est que, pour garantir la sécurité des citoyens et préserver leurs biens, il y a une seule ligne à appliquer : la loi ; un engagement ferme à respecter : les institutions.

Est-ce donc l’appareil sécuritaire qui gère les affaires du pays ? Est-ce lui qui contrôle les ministres et les responsables ? C’est peut-être lui aussi qui fixe les prix ?

En réalité, les agents des forces de l’ordre consentent d’énormes sacrifices, travaillent jour et nuit, dans des conditions difficiles, pour remplir le devoir qui leur incombe: assurer la sécurité et la stabilité du pays, intérieurement et extérieurement, et veiller sur la tranquillité, la quiétude et la sûreté des citoyens.

A cet égard, les Marocains ont le droit, et même le devoir, d’être fiers de leur appareil sécuritaire. Et là, Je l’affirme avec force et sans la moindre hésitation ni complexe d’infériorité: Si certains nihilistes ne veulent ni admettre ni proclamer cette vérité, c’est leur problème à eux-seuls.

Cher peuple, 

Le modèle institutionnel marocain est parmi les systèmes politiques avancés.

Cependant, ce modèle est resté, en grande partie, lettre morte, car l’application menée sur le terrain reste insuffisante. Je suis pleinement et fermement attaché au respect des attributions des institutions et au principe de séparation des pouvoirs.

Mais si les responsables rechignent à faire leur devoir et mettent ainsi en péril les affaires de la Nation et des citoyens, Mes responsabilités constitutionnelles me commandent de garantir la sécurité et la stabilité du pays, de sauvegarder les intérêts des gens, leurs droits et leurs libertés.

Dans le même temps, Nous n’admettrons aucun retour en arrière par rapport aux acquis démocratiques, ni aucune entrave au fonctionnement des institutions. Car, la Constitution et la loi sont claires et les attributions qui y sont énoncées n’ont nul besoin d’interprétation.

Il appartient à chaque responsable d’exercer les prérogatives qui lui sont dévolues, en toute autonomie. Il ne doit pas justifier son incapacité à agir, en ressassant le refrain : « Ils m’empêchent de faire mon travail » ! S’il n’en est pas capable, qu’il présente sa démission, personne ne l’en empêche !

En effet, au-dessus de tous, au-dessus des partis, au-dessus des élections, au-dessus des postes administratifs, c’est le Maroc qui doit prévaloir.

Cher peuple,.

Je m’enorgueillis d’être à ton service et d’y rester jusqu’à mon dernier souffle, car J’ai été éduqué à l’amour de la patrie et à l’engagement au service de ses enfants.

Je prends Dieu à témoin et m’engage, devant toi, à continuer à agir avec sincérité et constance pour satisfaire tes demandes et concrétiser tes aspirations.

Permets-Moi de te livrer sincèrement ce qui mûrit en mon for intérieur, maintenant que dix-huit années se sont écoulées, depuis que M’est échue la mission de présider à tes destinées.

De fait, Je ne peux omettre d’évoquer certaines choses que tu connais parfaitement bien. Et J’ai pour obligation de te dire la vérité, sinon je faillirais à mon devoir à ton égard.

Tu as dû remarquer, cher peuple, que Je n’ai pas évoqué avec toi, la question de notre intégrité territoriale, celles de l’Afrique ou de tout autre sujet de politique extérieure.

Bien évidemment, la question du Sahara marocain n’est pas matière à débattre, et demeure en tête des priorités.

Mais aujourd’hui, ce à quoi Nous nous attachons, dans toutes les régions du Maroc, c’est à impulser concrètement ta nouvelle marche; elle ambitionne la réalisation du développement humain et social, l’égalité et la justice sociale, au profit de tous les Marocains. Pour Nous, en effet, il est inconcevable que ce progrès ne soit pas commun à l’ensemble des régions de notre pays, sans exclusive.

Nous pouvons mettre au point le plus efficient des modèles de développement, les meilleurs plans et les stratégies les plus pointues. Mais :

-sans un changement des mentalités,

-sans une administration dotée des meilleurs cadres,

-sans partis politiques faisant appel aux élites les plus qualifiées pour la gestion des affaires publiques ; et

-faute d’un esprit de responsabilité et d’engagement civique,

Nous ne pourrons pas concrétiser Notre vœu : voir tous les Marocains bénéficier des conditions d’une vie libre et digne.

Je ne voudrais pas, cher peuple, que tu penses, après avoir suivi ce Discours, que Je suis pessimiste.

Loin s’en faut…Tu connais Mon réalisme et Ma propension à dire la vérité, si dure soit-elle.

Être pessimiste, c’est manquer de volonté, être à court de perspectives, être dépourvu d’une approche concrète de la réalité.

Mais, Dieu soit loué, outre une volonté forte et sincère, Nous possédons une vision claire et déployée sur le long terme. Car Nous savons qui nous sommes et dans quelle direction nous marchons.

Par la grâce de Dieu, le Maroc a réussi, au cours de sa longue histoire, à surmonter les difficultés, à la faveur de la symbiose forte entre le Trône et le peuple.

Aujourd’hui, nous avons d’ores et déjà franchi ensemble des étapes avancées dans les domaines les plus divers ; et aujourd’hui, nous voilà en train de marcher avec assurance et détermination, en quête d’autres acquis et de nouvelles prouesses.

Dieu a dit : «Certes, Allah vous commande de rendre les dépôts à leurs ayants-droit, et quand vous jugez entre des gens, de juger avec équité». Véridique est la parole de Dieu.

Wassalamou alaikoum warahmatoullahi wabarakatouh”.

Texte intégral du Discours prononcé par SM le Roi à l'ouverture de la 1ère session de la 1ère année législative de la 10-ème législature

Voici le texte intégral du Discours prononcé par SM le Roi Mohammed VI, que Dieu L'assiste, devant les membres des deux Chambres du Parlement à l'occasion de l'ouverture de la première session de la première année législative de la 10-ème législature

"Louange à Dieu, Prière et salut sur le Prophète, Sa famille et Ses compagnons,

Mesdames et Messieurs les honorables parlementaires,

L’ouverture de l’année législative n’est pas une simple occasion constitutionnelle, pour s’adresser aux membres du Parlement. C’est plutôt une tribune à partir de laquelle Je M’adresse, en même temps, au gouvernement, aux partis, aux différents organes et institutions et aux citoyens.

Ce n’est pas, non plus, uniquement une opportunité pour présenter des orientations, parfois adresser des critiques, au sujet de l’action représentative et législative. Il s’agit plutôt d’une tribune à travers laquelle Je Me mets à l’écoute de la voix du citoyen, que vous représentez.

Il Nous est donc agréable, tout d’abord, de présenter Nos félicitations aux membres de la Chambre des Représentants, pour la confiance placée en eux par les citoyens, en vue de les représenter au sein de l’institution législative.

Nous tenons également à exprimer Notre appréciation de l’engagement et de l’esprit de responsabilité patriotique, dont les pouvoirs publics ont fait preuve à toutes les étapes électorales.

En vertu de la charge qui Nous incombe de veiller à la protection du choix démocratique, Nous réaffirmons notre attachement au multipartisme, dont les fondations ont été posées par Notre Auguste Grand-père Sa Majesté le Roi Mohammed V, et qui a été consolidé par Notre Vénéré père, Sa Majesté le Roi Hassan II - bénie soit leur âme-, multipartisme pour lequel ont milité les générations précédentes.

La première législature s’est achevée après la promulgation de la Constitution de 2011. C’était une législature fondatrice, marquée par l’adoption des lois relatives à la mise en place des institutions.

C’est dire que l’étape que nous abordons est autrement plus importante que les précédentes. Elle induit la nécessité de se pencher sérieusement, sur les questions et les préoccupations réelles des citoyens, d’impulser l’action de service public de l’Administration et d’améliorer la qualité de ses prestations.

Mesdames et Messieurs les honorables parlementaires,

L’objectif qui doit être recherché par toutes les institutions, c’est d’être au service du citoyen. Si elles ne remplissaient pas cette mission, ces institutions seraient inutiles et n’auraient même pas de raison d’être.

J’ai jugé bon de M’adresser à vous aujourd’hui, et à travers vous à toutes les instances concernées, et aux citoyens en général, pour évoquer un sujet primordial, qui est l’essence même de l’action des institutions.

Ce que je vise par-là, c’est la relation entre le citoyen et l’Administration, qu’il s’agisse des services centraux et de l’administration territoriale, ou des Conseils élus et des services régionaux des départements ministériels.

Je songe également aux différents services concernés par l’investissement, ayant vocation à encourager les entreprises et à répondre aux besoins simples et de toutes sortes, du citoyen.

Tous ces services ont pour finalité de permettre au citoyen de régler ses affaires, dans les meilleures conditions et les plus brefs délais possibles, et aussi de simplifier les procédures et de rendre les services et les prestations de base plus proches du citoyen.

Mais s’il fallait que tous les dossiers soient traités au niveau de l’Administration centrale à Rabat, quelle serait alors l’utilité de la décentralisation, de la régionalisation et de la déconcentration administrative que nous nous employons à consolider depuis les années 80 du siècle dernier ?

Gérer les affaires des citoyens et faire aboutir leurs démarches est une responsabilité nationale et une charge considérable qui ne souffrent ni laisser-aller ni procrastination.

Or, il est navrant de constater que certains exploitent le mandat qui leur est délégué par le citoyen, pour gérer les affaires publiques, et en profitent pour régler leurs affaires personnelles ou partisanes, au lieu de servir l’intérêt général, motivés en cela par des calculs électoralistes.

Ce faisant, ils feignent d’ignorer que le plus important dans un scrutin, c’est le citoyen lui-même et non le candidat ou le parti, et renient les valeurs de l’action politique noble.

S’ils ne veulent pas faire leur travail, et si régler les affaires des citoyens, au niveau local ou régional ou même national, ne les intéresse pas, alors pourquoi se dirigent-ils vers l’action politique ?

Le véritable engagement partisan et politique commande de placer le citoyen au-dessus de toute considération. Il exige de tenir les promesses qui lui sont faites, de se dévouer à son service et de hisser ce devoir au-dessus des intérêts partisans et personnels.

Dans la mesure où l’efficacité administrative est un critère à l’aune duquel se mesure le progrès des nations, et tant que la relation entre l’Administration et le citoyen ne s’est pas améliorée, le classement du Maroc, dans ce domaine, restera dans la catégorie des Etats du Tiers Monde, voire du quart-monde et même du cinquième monde.

Honorables membres du Parlement,

Beaucoup de choses se disent sur les citoyens allant à la rencontre de leur Roi, sollicitant son assistance pour régler de multiples problèmes ou surmonter des difficultés.

Si certains ne comprennent pas que des citoyens s’adressent à leur Roi pour régler des problèmes et des questions simples, c’est qu’il y a maldonne quelque part.

Je suis évidemment fier de traiter directement avec Mon peuple et de régler ses problèmes simples.

Je continuerai à le faire, toujours à leur service. Mais est-ce que les citoyens Me demanderaient d’intervenir si l’Administration faisait son devoir ?

Il est certain qu’ils y ont recours précisément parce qu’ils se trouvent face à des portes fermées, ou parce que l’Administration fait preuve de négligence dans les prestations qu’elle leur fournit, ou encore pour se plaindre d’une injustice qu’ils ont subie.

Mesdames et Messieurs les honorables parlementaires,

Les administrations et les services publics accusent de nombreuses carences relatives à la faible performance et à la qualité des prestations qu’ils fournissent aux citoyens. Ils pâtissent également de la pléthore des effectifs, du manque de compétence et de l’absence du sens des responsabilités chez de nombreux fonctionnaires.

L’Administration souffre essentiellement d’une culture ancienne chez la majorité des Marocains. 

Elle représente, pour beaucoup d’entre eux, un abri qui leur garantit un salaire mensuel, sans avoir à rendre compte de leur performance.

Mais la responsabilité requiert de la part du fonctionnaire qui accomplit une mission ou exerce une autorité publique mettant entre ses mains les affaires des gens, qu’il s’acquitte au moins de son devoir à leur service, et qu’il s’emploie à leur prêter assistance.

De plus, la fonction publique ne peut intégrer tous les Marocains.

De même que l’accès à la fonction publique doit être basé sur la compétence, le mérite et l’égalité des chances.

Mesdames et Messieurs les honorables parlementaires,

Les difficultés que rencontre le citoyen dans son rapport avec l’Administration sont aussi nombreuses que variées, commençant par l’accueil et passant par la communication, jusqu’au traitement des dossiers et des documents. Tant et si bien que ces difficultés s’apparentent désormais dans son esprit à un véritable parcours du combattant.

Il n’est pas raisonnable, en effet, que le citoyen supporte les désagréments et les coûts des déplacements vers n’importe quelle administration, qu’il s’agisse d’un consulat, ou d’une préfecture, d’une commune territoriale ou d’une délégation régionale, surtout si le citoyen habite loin de cette administration et ne trouve personne pour l’accueillir ou le prendre en charge.

Il est tout aussi inacceptable que l’Administration ne réponde pas aux plaintes et aux interrogations des gens, comme si le citoyen ne valait rien, ou comme s’il s’agissait d’un simple élément dans la configuration générale de l’espace de l’Administration.

Or, sans citoyen, point d’Administration. Le citoyen a le droit de recevoir des réponses à ses requêtes et des solutions aux problèmes qu’il lui expose. L’Administration est tenue d’expliquer les choses aux gens et de motiver ses décisions, qui doivent être prises sur la base de la loi.

Ainsi, par exemple, de nombreux citoyens se plaignent des affaires d’expropriation, soit parce que l’Etat ne les a pas indemnisés pour leurs biens, soit parce que l’opération d’indemnisation traine pendant de longues années au préjudice de leurs intérêts, ou encore parce que le montant de l’indemnisation est en deçà des prix de vente en vigueur, et bien d’autres raisons encore. 

L’expropriation doit être effectuée en cas d’extrême nécessité d’intérêt général et l’indemnisation doit se faire conformément aux tarifs en vigueur à la date d’exécution de ladite opération, avec une simplification des procédures d’obtention de ladite indemnisation.

Le statut du terrain exproprié ne devrait pas être modifié par son affectation à des usages commerciaux ou sa cession à des fins de spéculation immobilière. 

Le citoyen se plaint beaucoup de la lenteur et de la complexité des procédures judiciaires et de la non-exécution des jugements, notamment face à l’Administration. 

Il est incompréhensible que l’Administration dépossède le citoyen de ses droits alors qu’elle a l’obligation de les préserver et de les défendre. Et comment un responsable peut-il empêcher que celui-là accède à ses droits alors qu’un jugement définitif a été rendu à cet effet ? 

Il est tout aussi inconcevable que l’Administration ne rembourse même pas les dettes qu’elle a contractées auprès des petites et moyennes entreprises, alors qu’elle est censée les soutenir et les encourager eu égard à leur rôle important dans le développement et l’emploi.

Par ailleurs, les citoyens font aussi grief de l’abus d’autorité et de pouvoir observé au niveau des différentes administrations, ainsi que de la lourdeur des procédures et de la longueur des délais de délivrance de certains documents administratifs. 

Il n’est pas raisonnable que le citoyen qui voyage pour réclamer un document et soumet, cet effet, toutes les pièces requises, attende des jours voire des semaines pour l’obtenir.

En effet, dans de nombreux consulats par exemple, les citoyens ne sont pas avisés des erreurs commises dans les documents, en raison de l’absence d’un dispositif de suivi des dossiers, outre les lourdeurs administratives induites par la correction d’une erreur quelconque. 

Cela implique un effort de la part du citoyen et des frais de déplacement au Maroc pour rapporter les pièces justificatives nécessaires pour corriger ladite erreur. A cela s’ajoute le défaut de coordination entre les administrations concernées, qui occasionne du retard dans le processus de délivrance des documents. 

Parmi les questions administratives les plus courantes, figurent celles ayant trait à l’application du Code de la Famille, avec leur lot de problèmes familiaux et sociaux. 

En effet, plus de 12 années après le lancement de cette réforme sociétale, il y a, jusqu’à présent, des personnes qui ne connaissent pas le contenu de cette Loi, et ignorent, par conséquent, les droits qui sont les leurs et les obligations qui leur incombent. Ceci se remarque plus particulièrement dans les milieux des Marocains de l’étranger. 

Aussi, Nous invitons le gouvernement et l’ensemble des institutions concernées, administratives et judiciaires, à assurer la bonne mise en œuvre de cette loi, à poursuivre la sensibilisation à ses contenus et à l’accompagner par les réformes et mises à jour nécessaires, de sorte à dépasser les problèmes révélés par l’expérience et la pratique. 

Mesdames et Messieurs les honorables membres du parlement, 

Les problèmes qui se posent au citoyen dans l’Administration, sont clairement illustrés à travers les obstacles qui entravent l’investissement, nonobstant la création des Centres régionaux et l’utilisation du guichet unique pour simplifier les procédures et accélérer le processus décisionnel. 

Il est vrai que certains investisseurs, dans certains cas, soumettent des dossiers incomplets. Mais au lieu que le guichet leur vienne en aide en leur présentant une liste de solutions pour les motiver, on constate que les choses sont rendues encore plus compliquées pour eux, en les astreignant à une série de restrictions et de contraintes. 

Avec cette mentalité et la poursuite obstinée de tels comportements, le guichet unique restera vain et inutile. 

J’ai insisté plus d’une fois sur la nécessité de régler les problèmes et de traiter les dossiers sur place. J’ai également donné Mes instructions au gouvernement et l’ai engagé à prendre les mesures administratives nécessaires à cet effet. 

A quoi sert la lettre que J’ai adressée en 2002, dans ce sens, au Premier Ministre ? Quelle est aussi l’utilité de la régionalisation, de la décentralisation et de la déconcentration si la situation d’antan persiste, et que les problèmes précédents sévissent encore ?

Cette situation est inacceptable et elle ne saurait perdurer. Car, lorsque l’investisseur ne reçoit pas de réponse, et si le problème qu’il affronte n’est pas réglé, il restitue son argent à la banque, et ce, dans le cas où il réside au Maroc. 

Toutefois, s’il fait partie de la Communauté expatriée, et qu’il préfère investir dans son pays, il se voit forcé de rentrer avec son argent à l’étranger.

De ce fait, le pays se trouve privé d’opportunités d’investissement et de développement, avec la perte d’emplois potentiels que cela implique pour les citoyens. 

Le guichet unique n’est qu’un chantier parmi d’autres pour aplanir les obstacles qui entravent l’investissement. 

Si, après toutes ces années, des solutions efficaces n’ont pas été trouvées, qu’en sera-t-il de l’application des autres points importants figurant dans Notre lettre au premier ministre et portant sur la relation du citoyen avec l’Administration, la simplification des procédures et l’incitation à l’investissement ? 

Mesdames et Messieurs les honorables parlementaires,

Nonobstant les inconvénients et les carences dont souffrent certains services publics, cela ne signifie pas que le tableau est noir, et que l’Administration ne remplit pas sa mission. En effet, celle-ci dispose de hautes compétences professionnelles et techniques et connait une amélioration significative.

La meilleure preuve en est les grands chantiers qui sont réalisés et les politiques sectorielles nationales réussies, qui ont changé la physionomie du Maroc, et qui jouent un rôle majeur dans la réalisation de progrès tangibles observés dans différents domaines. 

Toutefois, Notre ambition est plus grande que cela et les aspirations du citoyen dépassent les prestations actuelles de l’Administration. De plus, le progrès que connaît le Maroc nécessite d’en rehausser la productivité. 

Nous sommes convaincu que l’efficience administrative contribue à promouvoir le développement, à attirer l’investissement national et étranger et à renforcer la confiance dont jouit le Maroc. 

Aussi, Nous engageons tout le monde, gouvernement et parlement, partis et syndicats, associations et fonctionnaires, à faire preuve de patriotisme et de responsabilité pour mettre au point des solutions réelles, permettant de rehausser le travail des services administratifs et d’améliorer la qualité des prestations offertes aux citoyens. 

La réforme de l’Administration requiert un changement dans les comportements et les mentalités et des législations de qualité pour obtenir un service administratif public efficace au service du citoyen. 

En effet, la situation actuelle nécessite de porter un intérêt particulier à la formation et la mise à niveau des fonctionnaires, qui forment le maillon essentiel dans la relation du citoyen avec l’Administration. Elle requiert aussi de leur offrir un environnement de travail convenable et de mettre en œuvre les dispositifs d’incitation, de reddition de comptes et de sanction. 

Par ailleurs, l’administration électronique doit être généralisée selon une approche intégrée permettant aux différents départements et aux divers services un accès commun aux informations. 

De fait, l’utilisation des nouvelles technologies contribue à faciliter l’accès, dans les plus brefs délais, du citoyen aux prestations, sans qu’il soit nécessaire de se déplacer souvent à l’Administration et de s’y frotter, car c’est là la cause principale de l’extension du phénomène de corruption et du trafic d’influence. 

Nous avons déjà insisté sur la nécessité de lutter contre ce phénomène dans la définition de Notre concept d’autorité.

La régionalisation avancée, devenue une réalité tangible, constitue la pierre angulaire sur laquelle l’Administration doit s’appuyer pour rapprocher le citoyen des prestations et des services et du centre de décision. 

Dans le même ordre d’idées, Nous mettons l’accent sur la nécessité d’élaborer et de mettre en œuvre une charte avancée de la déconcentration administrative propre à répondre aux exigences du moment. 

Il appartient, donc, à tout un chacun de se mettre au diapason de l’évolution en cours et d’adhérer à la dynamique institutionnelle et développementale que Nous conduisons dans notre pays. 

Tout le monde est responsable de l’efficacité de l’Administration publique, dont les prestations doivent être de meilleure qualité, d’autant plus qu’elle est le pilier de toute réforme et le fondement essentiel de la dynamique de développement et de progrès que Nous voulons pour Notre peuple fidèle. 

« Je veux seulement réformer autant que Je peux. Le secours ne Me vient que de Dieu. Je Me confie à Lui et Je reviens repentant vers Lui ». Véridique est la parole de Dieu. 

Wassalamou alaykoum warahmatou Allah wabarakatouh».

SM le Roi adresse un message aux participants aux Assises nationales sur ''la politique foncière de l’Etat et son rôle dans le développement économique et social'' (texte intégral) (8 décembre 2015)

'Louange à Dieu,

      Prière et salut sur le Prophète, Sa famille et Ses compagnons, 

 

      Mesdames, Messieurs,

 

      Il Nous est agréable de Nous adresser à ces importantes assises nationales sur ''la politique foncière de l’Etat et son rôle dans le développement économique et social''. Nous avons tenu à leur conférer Notre Haut Patronage, eu égard à la place fondamentale qui revient au secteur foncier dans l’accompagnement de la dynamique de développement tout azimut que connaît le pays. 

     Ces assises seront, Nous l’espérons, une occasion propice pour les acteurs concernés d’établir un diagnostic collectif de la réalité de ce secteur vital, d’identifier les contraintes majeures qui l’empêchent de remplir pleinement ses fonctions et de proposer les grandes lignes d’une politique foncière nationale intégrée et efficiente. 

    A cet égard, Nous vous invitons à vous inspirer des vertus du dialogue et de la réflexion collective et à vous astreindre à la démarche participative que Nous avons consacrée comme une approche incontournable pour traiter les questions majeures concernant la Nation. 

    Mesdames, Messieurs,

    Il ne vous échappe pas que le foncier est considéré comme un facteur de production stratégique et un levier fondamental pour le développement durable dans toutes ses dimensions. Par conséquent, il constitue l’assise principale pour stimuler l’investissement productif, générateur de revenu, créateur d’emplois, et aussi pour lancer des projets d’investissement dans les différents domaines de l’industrie, de l’agriculture, du tourisme, des services et d’autres encore. 

    C’est un moteur indispensable pour l’économie nationale, car il fournit la plate-forme de base pour la mise en place des différentes infrastructures et des équipements publics. C’est aussi sur lui que repose la politique de l’Etat dans le domaine de l’urbanisme et de la planification urbaine. Et c’est par lui fondamentalement qu’est garanti le droit du citoyen au logement. 

   Compte tenu de la transversalité du secteur foncier, les contraintes et les enjeux auxquels il est confronté sont le lot commun des différents opérateurs et acteurs concernés. Il est donc nécessaire pour le prendre en charge, d’adopter une vision globale intégrant toutes les dimensions juridiques, institutionnelles, organisationnelles et procédurales, et tenant compte des spécificités de ce secteur ainsi que de la nature complexe et imbriquée de sa structure, qui est due à l’interpénétration d’une multitude de facteurs historiques et socio-économiques. 

   Le volet législatif pose également un défi majeur qui doit être relevé pour assurer la mise à niveau du secteur foncier, notamment en raison de la diversité de ses régimes et de l’absence ou l’obsolescence des textes juridiques le régissant, outre la multiplicité des opérateurs institutionnels qui en supervisent la gestion. 

   Nous appelons donc à une révision et une modernisation du dispositif juridique encadrant le foncier, public et privé, dans un sens garantissant la protection et la valorisation du capital foncier, ainsi qu’une efficacité accrue de son organisation, outre la simplification des procédures de sa gestion, de sorte qu’il puisse jouer le rôle qui lui revient dans le renforcement du dynamisme économique et social de notre pays. 

   Il faudra, de surcroît, adopter les mécanismes appropriés pour rationaliser les interventions des différents acteurs concernés, dans le cadre juridique et institutionnel actuel, et ce, en vue d’assurer toute l’efficacité requise, aux niveaux national et territorial, tant pour ce qui est de la planification de la politique foncière de l’Etat, que pour ce qui concerne le suivi de sa mise en œuvre et l’évaluation de son impact.

   Afin de renforcer la sécurité du foncier, de protéger la propriété immobilière et d’en accroitre la valeur économique et fiduciaire, il est impératif de multiplier les efforts pour accélérer la cadence des enregistrements à la conservation foncière, dans la perspective de les généraliser sur l’ensemble du territoire national. Il importe également de mettre à contribution la technologie numérique qui est en plein essor dans le monde, pour assurer la maîtrise, la stabilisation et l’échangeabilité de la  structure foncière. 

   Compte tenu de l’importance du facteur humain, auquel Nous réservons notre constante sollicitude, il faut continuer à œuvrer pour rehausser le niveau de formation fondamentale et continue des ressources humaines ayant en charge la gestion du secteur foncier, notamment en favorisant la spécialisation et l’ouverture sur les innovations qui s’opèrent en la matière aux niveaux national et international. 

   Dans le même esprit, Nous préconisons de s’atteler à la réforme du régime des terres collectives, et apprécions l’ouverture d’un dialogue à cet effet, ainsi que l’exploitation et la capitalisation de ses résultats et de ses retombées fondamentales. Le but recherché est de mettre à niveau les terres soulaliyates et de faire en sorte qu’elles puissent apporter leur contribution à l’effort de développement. Il s’agit, en outre, d’en faire un moyen d’intégration des ayant-droits dans cette dynamique nationale, dans le cadre des principes de droit et de justice sociale, en dehors de toute considération surannée. 

   Nous appelons donc à des efforts concertés pour faire aboutir l’opération d’appropriation au profit des ayant-droits et à titre gracieux, des terres collectives situées à l’intérieur des périmètres d’irrigation. 

   Nous engageons également toutes les parties prenantes gouvernementales à accélérer l’apurement de la situation juridique des terres collectives, en vue de créer un climat propice à l’intégration optimale de ces terres dans le processus de développement économique et social du pays. 

   Afin de répondre aux attentes exprimées par les collectivités soulaliyates et les différents acteurs économiques et sociaux pendant le Dialogue national sur les terres collectives, tenu en 2014, il est nécessaire de revoir le cadre juridique et institutionnel y afférent et de simplifier les procédures pour assurer une gestion plus efficiente de ce capital immobilier. 

   

Mesdames, Messieurs,.

   Si le foncier tient le rôle clé dans le domaine de l’urbanisme et de la planification urbaine, les documents d’urbanisme et les outils de planification urbaine doivent être dédiés au service des citoyens. Il faut donc assurer un bon aménagement de l’espace urbain, réduire les disparités spatiales et consacrer la justice sociale, sans pour autant que ces documents soient un moyen de spéculation allant à l’encontre des intérêts des citoyens. 

   L’urbanisme devrait être un levier pour mettre en place une justice foncière dans la répartition des charges et des servitudes d’utilité publique entre les propriétaires terriens et pour assurer une distribution juste de la plus-value issue des documents d’urbanisme. 

   A cet égard, Nous devons souligner à nouveau la nécessité d’activer l’adoption du nouveau Code de l’urbanisme, dont  Nous avons déjà lancé le processus d’élaboration. Le but est d’assurer la flexibilité nécessaire à la préparation et la mise en œuvre des documents d’urbanisme et de s’attacher à ce que ces derniers soient un moyen efficace pour la mobilisation des biens fonciers et  la lutte contre la spéculation foncière. 

   Concernant le rôle du foncier dans le domaine du logement, auquel Nous attachons tout Notre intérêt, Nous insistons sur la nécessité de mettre en place des mécanismes opérationnels et procéduraux de contrôle du marché foncier. Le but est de prévenir la spéculation et ses incidences sur les prix, d’inventer des solutions novatrices pour financer le foncier destiné au logement et de faire prévaloir la transparence dans les procédures de mobilisation du foncier, de sorte à faciliter l’accès des citoyens à un logement décent et digne. 

   Par ailleurs, Nous exhortons le gouvernement à poursuivre la réforme des systèmes fonciers liés à l’investissement agricole, de manière à ce que le foncier devienne un pilier essentiel pour la promotion agricole et un levier pour le développement rural, qui figure prioritairement parmi Nos préoccupations.

   Nous tenons à réaffirmer l’importance de la valorisation du foncier agricole relevant du domaine privé de l’Etat. A travers le partenariat entre l’Etat et le secteur privé, cette démarche a permis, en effet, de réaliser des résultats socio-économiques très positifs qui ont contribué au développement du secteur agricole, et qui se sont concrétisés localement par la création d’une valeur ajoutée et d’importantes richesses supplémentaires, ainsi que de nombreux emplois. 

   La promotion de l’investissement est tributaire de la disponibilité du foncier, considéré comme la plate-forme destinée à abriter les projets de développement et d’investissement. Aussi, il convient de concentrer les efforts sur la facilitation de l’accès des investisseurs au foncier et la simplification des procédures de transfert et d’échange y afférentes. Il importe également d’assurer la valorisation du foncier public et d’y garantir l’accès selon les règles de transparence et d’égalité des chances et dans le cadre d’une fiscalité foncière juste, efficiente, favorable à l’investissement et de nature à concilier la préservation des droits des propriétaires et de l’Etat avec la nécessité de garantir une contribution active du foncier à la dynamique économique. 

Mesdames, Messieurs,.

   Accroître l’efficacité et l’efficience de la politique foncière de l’Etat nécessite l’adoption d’une stratégie nationale intégrée clairement définie et son opérationnalisation sous forme de plans d’action comprenant tous les aspects relatifs à l’élaboration et l’exécution de cette politique, avec ce qui s’y rattache en termes de dispositions législatives, réglementaires, procédurales et autres et dans le cadre de la complémentarité entre l’Etat et les collectivités territoriales en tant qu’acteur clé dans le développement territorial. 

   Parce que l’évaluation, qui constitue l’un des ressorts de la bonne gouvernance, doit être une partie intégrante des mécanismes de la gestion publique, l’opérationnalisation de toute politique foncière réussie reste tributaire du niveau d’accompagnement qui lui est assuré à travers le suivi et l’évaluation continue des choix faits par l’Etat en matière de gestion du foncier. Le but est de mesurer l’impact de ces choix sur les différents secteurs économique, social et environnemental et, partant, d’en corriger les dysfonctionnements et d’en améliorer l’efficience et l’efficacité. 

   Nous sommes persuadé que les idées et les propositions qui émergeront des travaux de vos assises, sont de nature à contribuer à mettre au point une feuille de route pour l’élaboration et l’exécution d’une politique foncière nationale intégrée, propre à surmonter les contraintes liées à ce secteur et à répondre aux exigences croissantes du développement socio-économique du pays. Cet effort aidera à la réalisation de notre  aspiration à consolider les bases d’une société équilibrée et solidaire aux niveaux social et territorial. 

   Que Dieu vous assiste et couronne vos travaux de succès. 

   Wassalamou alaikoum warahmatoullahi wabarakatouh''.

SM le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, a adressé, le mercredi 20 août 2014, un discours à la Nation à l’occasion du 61ème anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple.

Voici le texte intégral du Discours Royal:

"Louange à Dieu Paix et salut sur le Prophète, Sa famille et Ses compagnons

Cher peuple,

Nous commémorons aujourd’hui le 61ème anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple. Ce faisant, nous célébrons non seulement une épopée nationale pour la liberté et l’indépendance, mais également et surtout le renouvellement du pacte pérennisant une révolution vouée à la concrétisation de tes aspirations légitimes et à la consolidation de la position du Maroc comme acteur de poids dans son environnement régional et international.

Depuis Notre accession au Trône, Nous avons veillé à ce que cette communion, née spontanément entre toi et Moi, soit la pierre angulaire pour l’édification d’une société avancée, soudée, accueillante pour tous ses enfants, inspirant à chaque Marocaine et chaque Marocain la fierté d’y appartenir.

Car, en effet, la patrie appartient à tous. Le devoir commande que tous les Marocains, individuellement et collectivement, s’impliquent fermement et résolument dans la défense de l’unité de leur nation et s’investissent dans le processus de développement de leur pays.

Les Marocains sont un peuple habité par l’ambition d’atteindre les plus hauts sommets et de se mettre au diapason des nations avancées. Mais un tel dessein n’a rien d’un rêve chimérique ou d’une création ex nihilo. Il procède plutôt d’une réalité tangible et s’appuie sur des réalisations concrètes que le Maroc a inscrites à son actif sur la voie de la démocratie et du développement.

Où en est donc le Maroc aujourd’hui ? Dans quelle catégorie peut-on classer l’économie nationale, par rapport à d’autres pays ? Peut-on le considérer comme un pays compétitif, ou le ranger parmi les Etats émergents ?

Chacun sait qu’il n’existe pas un modèle spécifique de pays émergents. Chaque pays poursuit, en matière de développement, un parcours qui lui est propre, selon les ressources humaines, économiques et naturelles dont il dispose, et en fonction de son capital civilisationnel, et des écueils et difficultés qu’il vient à rencontrer.

Mais il est des critères et des atouts qu’il faut faire valoir pour faire partie de cette catégorie de pays émergents. Il s’agit notamment du niveau d’évolution démocratique et institutionnelle, du progrès économique et social, et de l’ouverture régionale et internationale.

  Cher peuple,

Comme chacun sait, aucun Etat ne peut passer d’un palier à un autre du jour au lendemain, mais il doit nécessairement capitaliser sur les avancées positives qu’il a accumulées tout au long de son histoire.

Le Maroc, en l’occurrence, offre un véritable modèle en la matière. Il a pu, au cours des quinze dernières années, conforter son cheminement démocratique, tout en consolidant les fondements d’un modèle de développement intégré et durable, porté par l’impératif de lancer des projets structurants, allié à la volonté de promouvoir le développement humain et durable.

En effet, l’économie nationale a connu une transformation profonde dans sa structure et une grande diversification dans ses secteurs productifs. Elle a réalisé un taux de croissance élevé et constant, et a pu maintenir les grands équilibres, en dépit des retombées de la crise économique mondiale.

Les stratégies sectorielles ont permis, à cet égard, de réaliser des résultats concrets qui ont contribué à la clarification de la vision et au repositionnement de l’économie nationale sur le plan régional et international.

Ainsi, par exemple, le Plan Maroc Vert et le Plan Halieutis ont contribué à l’obtention par le Maroc du Prix de la FAO, pour avoir atteint, deux ans avant terme, les objectifs du Millénaire en matière de lutte contre la pauvreté et la faim.

Cette performance tient au fait que les deux plans reposent sur la recherche d’un équilibre entre les grands projets à rendement élevé, et les actions de promotion de l’agriculture vivrière et solidaire et de la pêche artisanale, et eu égard à leur rôle dans l’amélioration et la pérennisation du revenu.

De même, le Plan Emergence Industrielle, qui repose sur une approche intégrée, prévoyant notamment de dispenser une formation professionnelle appropriée, appuyé par le saut qualitatif qu’ont connu le secteur commercial et financier et l’économie numérique, a contribué au renforcement de la position de l’économie nationale au niveau continental.

Si les infrastructures comptent parmi les piliers sur lesquels reposent les économies émergentes, les réalisations que le Maroc a inscrites à son actif dans ce domaine, ont contribué à accroître la compétitivité des entreprises et des produits nationaux.

Dans le même ordre d’idées, l’attractivité de l’économie nationale s’est renforcée grâce aux efforts constants qui sont déployés pour améliorer le climat des affaires, et créer des pôles économiques compétitifs, tel le pôle industriel Meloussa-Tanger.

Nous tenons à exprimer Notre satisfaction quant à la contribution que nombre d’entreprises du secteur privé et d’établissements publics, ont apportée au développement de l’économie nationale, aussi bien en interne qu’à l’extérieur.

L’Office Chérifien des Phosphates constitue à cet égard un véritable modèle au regard de la stratégie nationale et internationale efficace dont il dispose et compte tenu de la vision claire, de la bonne gouvernance et de l’efficacité qui le caractérisent. Tous ces facteurs consacrent l’intégration du Maroc dans le marché mondial des phosphates, ressource qui est devenue un enjeu universel tant elle est étroitement liée à la sécurité alimentaire.

Les économies émergentes tendent à s’appuyer principalement sur le développement durable et l’exploitation judicieuse des opportunités offertes par l’Economie Verte.

Ainsi, le domaine des énergies renouvelables a connu un véritable essor suite aux grands projets que Nous avons lancés, parallèlement à l’adoption de la stratégie d’efficacité énergétique et de la politique ambitieuse de mobilisation des ressources en eau.

A cet égard, le plan marocain d’énergie solaire et éolienne constitue une preuve supplémentaire de notre capacité à relever les défis. S’il en est ainsi, c’est grâce notamment à une vision claire et anticipative, conjuguée à une planification rigoureuse des priorités pressantes, garantissant la satisfaction des besoins énergétiques de notre pays et la réduction de sa dépendance de l’étranger et ce, grâce à une exploitation judicieuse de nos ressources propres en énergies renouvelables.

Le Maroc a certes besoin de faire quelques efforts supplémentaires pour progresser résolument et avec assurance vers l’insertion parmi les Etats émergents. Mais d’ores et déjà sa politique d’ouverture économique l’a conforté dans sa position comme axe d’échanges internationaux.

Cette performance est illustrée par la mise en place de partenariats fructueux, tant avec les pays arabes – en particulier les Etats du Conseil de Coopération du Golfe – qu’avec les pays d’Afrique sub–sahariens, où le Maroc représente le deuxième investisseur en Afrique.

L’on citera également à cet égard, le statut avancé liant le Maroc à l’Union Européenne, et les accords de libre-échange avec un grand nombre d’Etats, dont et au premier chef, les Etats Unis d’Amérique, ainsi que le partenariat stratégique que nous nous employons à approfondir avec la Russie, et le partenariat que nous sommes en train de mettre au point avec la Chine.

Par ailleurs, le Maroc constitue un maillon essentiel dans la Coopération tripartite et multilatérale, en particulier pour assurer la sécurité, la stabilité et le développement en Afrique.

  Cher peuple,

Les acquis et les réalisations engrangés ne devraient pas inciter à l’autosatisfaction. Ils devraient plutôt constituer un motif puissant pour redoubler d’efforts et rester constamment mobilisés.

En effet, soit l’économie marocaine devient une économie émergente grâce à ses potentialités et à la coordination des énergies de toutes ses composantes, soit elle manquera son rendez-vous avec l’Histoire. 

Notre modèle de développement a atteint un niveau de maturité qui l’habilite à faire une entrée définitive et méritée dans le concert des pays émergents. Toutefois, les prochaines années seront décisives pour préserver les acquis, corriger les dysfonctionnements et stimuler la croissance et l’investissement.

Alors, ce modèle peut-il progresser, en relevant les défis  et en éliminant les obstacles  auxquels il est confronté ?

Si les pays s’appuient essentiellement sur la compétitivité de leurs entreprises, notamment celles qui exportent leurs produits vers les marchés mondiaux, l’économie marocaine a enregistré, hélas, un retard significatif en la matière, en raison de l’éparpillement et de la faiblesse du tissu industriel et de la concurrence du secteur informel. 

Cette situation appelle la mise en place de  groupes forts et d’entreprises puissantes permettant de renforcer la résilience de l’économie nationale, tant pour faire face à la concurrence internationale que pour tisser des partenariats avec les petites entreprises à même de favoriser le développement au niveau national. 

Se doter de ressources humaines qualifiées est un préalable majeur pour rehausser la compétitivité et répondre ainsi aux exigences du développement et du marché de l’emploi et pour accompagner la progression et la diversification que connaît l’économie nationale. 

Comme tout le monde le sait, la bonne gouvernance est la clé de réussite de toute réforme. Elle est essentielle à la réalisation des objectifs de  toute stratégie. 

Dans quelle mesure le système de gouvernance actuel dans les secteurs productifs marocains peut-il contribuer à la mise à niveau et au développement de l’économie nationale ? 

Il est vrai que l’objectif de rejoindre les pays émergents ne peut se concrétiser que si l’on continue à améliorer le climat des affaires, notamment en allant de l’avant dans la réforme de la Justice et de l’Administration, la lutte contre la prévarication et la moralisation de la vie publique. Nous estimons que cette tâche est une responsabilité qui incombe à toute la société, citoyens et associations, et qu’elle n’est pas du seul ressort  de l’Etat. 

Il convient aussi de renforcer le rôle stratégique de l’Etat en matière de régulation et d’organisation et d’engager avec audace les grandes réformes, notamment en matière de régimes de retraite et de fiscalité, tout en veillant à poursuivre l’application des règles de bonne gouvernance dans tous les secteurs. 

Cher peuple,

Le processus de développement de certains pays émergents se caractérise par l’apparition de symptômes négatifs illustrés par le creusement des écarts entre les couches sociales. 

C’est pourquoi Nous veillons à ce que le développement économique aille de pair avec l’amélioration des conditions de vie du citoyen marocain.

En effet, Nous ne voulons pas d’un Maroc à deux vitesses : Des riches qui bénéficient des fruits de la croissance et s’enrichissent davantage ; et des pauvres restés en dehors de la dynamique de développement et exposés à plus de pauvreté et de privation.

C’est dans cet esprit que s’inscrivent les programmes de l’Initiative nationale pour le Développement humain, expérience dont plusieurs pays ont exprimé le souhait de profiter, ainsi que le volet social des plans sectoriels qui attachent un intérêt particulier au développement local et humain. 

Nous avons tenu à mettre en évidence et confirmer la réputation des Marocains connus pour leur sérieux et leur dévouement au travail. En effet, nos citoyens ont démontré leur capacité à donner et à créer, dès lors qu’ils disposent des moyens nécessaires et des conditions idoines pour entreprendre n’importe quelle action, de n’importe quelle nature, petite ou grande, intellectuelle ou manuelle, et ce, en dépit du  fléau du chômage.

L’élément humain reste la vraie richesse du Maroc et l’une des composantes essentielles de son capital immatériel. Nous avons appelé dans le Discours du Trône à quantifier et à valoriser ce capital, compte tenu de la place qui lui revient dans l’impulsion de tous les chantiers et de toutes les réformes et en matière d’insertion dans l’économie de la connaissance. 

Le progrès réalisé par le Maroc n’est pas dû au hasard. Il est le résultat d’une vision claire et de stratégies rigoureuses, et des efforts et des sacrifices consentis par tous les Marocains. 

A cet égard, Nous saluons les gouvernements qui se sont succédés jusqu’à présent pour le patriotisme sincère et le sens élevé des responsabilités dont ils ont fait preuve dans la gestion des affaires du pays.

Nous rendons également hommage au rôle clé joué par les entreprises citoyennes dans l’impulsion du développement économique et social du pays. 

Nous nous félicitons également du rôle croissant des organisations de la société civile, et de leur participation efficiente à la dynamique de développement. 

Nous rendons un hommage particulier aux partis politiques et aux syndicats sérieux que la Constitution a consacrés comme acteurs clés et incontournables au sein de l’Etat et de la société, compte tenu de leur capital de militantisme, et au vu du patriotisme sincère et du civisme responsable dont ils font preuve dans le traitement des questions majeures de la Nation. 

Nous adressons l’expression de nos remerciements à toutes les organisations syndicales pour le rôle majeur qu’elles ont joué, au cours des 15 dernières années, dans la consolidation de la paix sociale comprise au sens large, sans pour autant renoncer à leurs principes constants,  en s’attelant à défendre les droits et les intérêts sociaux et économiques de la classe ouvrière. 

Aussi, il Nous a été donné d’accéder à la requête qui Nous a été soumise par les organisations syndicales concernant leur représentation au sein de la Chambre des Conseillers, laquelle s’apparentait, dans la première version du projet de la  nouvelle Constitution, à une chambre réservée uniquement aux  représentants des collectivités territoriales. 

Nous avons à cœur de voir ces organisations continuer à jouer le rôle qui leur incombe dans la société et en matière de développement. Elles se doivent de remplir les obligations nationales qui leur échoient en matière d’édification, de réforme et de consolidation de la paix sociale, et ce, au même titre qu’elles jouissent des droits que leur confère la loi. 

Nous tenons, par ailleurs, à rendre hommage aux professionnels de l’Enseignement, hommes et femmes, notamment ceux exerçant en milieu rural, pour leurs efforts dédiés à la formation de générations de cadres qualifiés ayant apporté leur contribution à la mise en œuvre des chantiers de développement. Nous les saluons également pour leurs sacrifices en faveur de l’éducation des générations montantes.

Cher peuple,

Gagner le pari de rattraper les pays émergents n’est pas impossible, quand bien même cette entreprise recèle de nombreuses difficultés et de multiples défis.

Le Maroc, grâces en soient rendues à Dieu, dispose, pour relever ces défis, de toutes les potentialités nécessaires, avec, au premier chef, sa jeunesse lucide et responsable. 

Nous sommes convaincu qu’en vertu du patriotisme, des valeurs de citoyenneté constructive et du génie créateur qui les caractérisent, nos jeunes, filles et garçons, sont aptes à contribuer au développement de leur pays et à relever les défis liés à son entrée au club des pays émergents.

Ainsi, nous continuons tous à porter le flambeau de la Révolution renouvelée du Roi et du peuple, forts d’une symbiose indissoluble entre les composantes de la Nation, et constamment fidèles à la mémoire immaculée de Son Glorieux Héros, Notre Grand-Père, feu Sa Majesté le Roi Mohammed V et de son compagnon de lutte, Notre illustre Père,  feu Sa Majesté le Roi Hassan II, que Dieu les ait en Sa sainte miséricorde, et au souvenir des valeureux martyrs de la Résistance et de la Libération.

Wassalamou alaikoum warahmatoullahi wa barakatouh".

SM le Roi Mohammed VI a adressé, le mardi 30 juillet 2013, un discours à la Nation à l'occasion de la Fête du Trône, qui coïncide cette année avec le quatorzième anniversaire de l'intronisation du Souverain.

Ci-après le texte intégral du Discours Royal:

"Louange à Dieu

Prière et salut sur le Prophète, Sa famille et Ses compagnons.

Cher peuple,

Fidèle à tes traditions séculaires, tu célèbres aujourd'hui la Fête du Trône. Cette commémoration n'incarne pas uniquement ton loyalisme constant à ton Premier Serviteur auquel est dévolue la mission d'assurer ta direction et de préserver ton unité. Elle symbolise aussi la réaffirmation, constamment renouvelée, du pacte d'allégeance par lequel nous nous engageons mutuellement à faire avancer le Maroc sur la voie du progrès, de la prospérité, du développement et de la stabilité. Elle donne enfin une expression tangible à ton attachement aux constantes immuables et aux valeurs sacrées de la nation.

Dès Notre accession au Trône, Nous nous sommes attaché à mettre en route de nombreux chantiers économiques et sociaux, parallèlement aux réformes politiques et institutionnelles que Nous avons engagées, en réponse à tes aspirations. Ce faisant, Nous avons toujours placé la dignité et l'épanouissement du citoyen marocain au coeur de Nos préoccupations. La marche dans laquelle nous sommes engagés est un processus continu, foisonnant d'initiatives audacieuses et résolues, jalonné de démarches participatives permettant d'optimiser les possibilités disponibles.

Au cours de cette marche, tous les gouvernements précédents ont déployé, sous Notre impulsion, des efforts méritoires pour donner corps à Notre vision en matière de développement et de réforme. Tant et si bien que Notre gouvernement actuel a trouvé entre ses mains, dans le domaine économique et social, un héritage sain et positif, constitué d'actions constructives et de réalisations tangibles. Nous ne pouvons donc que l'encourager à aller de l'avant avec autant de volonté et de détermination, pour réaliser davantage de progrès, dans le cadre du processus vertueux engagé sous Notre conduite.

Cher peuple,

Nous avons la ferme volonté de maintenir le cap pour parachever les institutions constitutionnelles et répondre aux impératifs de bonne gouvernance. La volonté qui Nous anime à cet égard n'a d'égale que Notre détermination à persévérer pour donner corps à Notre projet sociétal alliant croissance économique pérenne, développement durable et solidarité sociale.

De fait, le Maroc a déjà réalisé de grandes avancées en matière d'infrastructures, assurant notamment l'approvisionnement de nos villes et nos villages en eau potable, en électricité et en d'autres services. Des progrès tangibles ont été enregistrés au niveau des équipements de base, tels les ports et les aéroports, ainsi qu'au niveau du renforcement du réseau routier et de la gestion optimale des ressources en eau, outre le lancement de projets de développement du transport ferroviaire et du transport urbain. Autant de réalisations qui ont modifié la physionomie des provinces et donné un nouveau visage au Maroc. Elles ont créé les conditions propices pour développer davantage les stratégies mises en place dans les différents secteurs d'activité.

Par ailleurs, la mise en oeuvre graduelle des stratégies sectorielles a permis à notre pays de réaliser des progrès palpables et d'accroître son attractivité pour les investissements étrangers, et ce, en dépit d'une situation économique et sociale mondiale difficile.

En affirmant Notre volonté d'encourager l'investissement, Nous réitérons Notre appel au gouvernement pour qu'il accorde la priorité à tout ce qui est de nature à stimuler la croissance et à favoriser la création d'emplois. Il doit veiller à une complémentarité entre les impératifs de consommation locale et l'exportabilité de notre production, avec tout ce que cela induit comme effets positifs sur la balance des paiements.

Dans le même ordre d'idées, le Maroc s'est attaché depuis des années à développer des métiers industriels mondiaux dans le cadre du plan Emergence . Nous rendons grâce à Dieu pour les résultats qui ont été obtenus et qui nous encouragent à maintenir le cap. A cet égard, Nous engageons le gouvernement à créer les conditions idoines pour diversifier et élargir notre tissu industriel dans le cadre d'une politique volontariste qui renforce le partenariat entre les secteurs public et privé.

C'est dans le même esprit que s'inscrit la volonté de doter le Maroc de la capacité de produire des énergies renouvelables, contribuant ainsi à donner son expression concrète à Notre vision du développement durable. D'où la mise en oeuvre du programme d'énergie solaire, notamment le lancement de chantiers de construction du "Complexe Nour" à Ouarzazate, parallèlement aux échéances inscrites au programme d'énergie éolienne. Outre leur importance environnementale, ces chantiers nous rendront moins dépendants des importations énergétiques. Il est donc nécessaire d'engager une politique de formation efficiente et de développer les compétences en la matière, ce qui favorisera, de surcroît, la mise en oeuvre de la Charte nationale de l'environnement.

Par ailleurs, et en dépit de la crise financière mondiale, le secteur touristique au Maroc a pu se prémunir des effets pervers de cette crise grâce aux efforts et aux initiatives que Nous avons mis en oeuvre ces dernières années. Autant d'activités qui sont de nature à inciter tous les partenaires et les parties prenantes du secteur à s'impliquer dans la réalisation de la Vision 2020.

L'adoption d'une stratégie agricole avancée traduit à quel point Nous mesurons l'importance que revêt ce secteur vital. A cet égard, Nous rendons grâce à Dieu de nous avoir gratifiés cette année d'une pluie bienfaitrice et de récoltes abondantes.

Le programme "Maroc Vert" contribue à la modernisation du secteur agricole, en tenant dûment compte de l'intérêt constant qui doit être porté aux petits agriculteurs, en vue d'améliorer leurs conditions de vie.

Ayant à coeur de marquer Notre sollicitude pour cette catégorie de la population, Nous continuerons à la faire bénéficier de l'exonération fiscale. Cette exemption cessera d'être en vigueur à la fin de l'année en cours pour les gros investissements agricoles, mais Nous la maintiendrons en vigueur pour la moyenne et la petite agriculture.

En outre, Nous invitons le gouvernement à mettre en place une agence spéciale qui veille à mettre en adéquation la stratégie agricole et l'espace territorial de la population concernée, surtout dans les régions montagneuses où l'exploitation des terres marque un certain recul. Ces efforts doivent être menés en parfaite complémentarité avec les programmes d'aménagement du territoire.

Suivant la même démarche, Nous avons oeuvré à la promotion du secteur de la pêche maritime, à travers le plan "Halieutis", qui a réalisé des progrès tangibles et prometteurs, dignes d'appui et de soutien.

Au-delà de la croissance économique, Notre objectif fondamental demeure la réalisation de la justice sociale qui est le socle de la cohésion sociale.

Par conséquent, l'Initiative nationale pour le développement humain doit être considérée comme un chantier en constante évolution. En fait, il s'agit d'une véritable feuille de route, pour une vision de développement globale et audacieuse, qui ne se limite pas aux catégories pauvres et aux familles démunies, mais qui s'ouvre sur tous les chantiers de développement visant à réduire les disparités sociales et territoriales. Nous confirmons donc la nécessité de renforcer et d'élargir les programmes en cours de l'INDH, à travers d'autres mécanismes qui donnent la priorité aux projets générateurs de revenus.

A cette occasion, Nous saluons les résultats inédits des programmes nationaux d'encadrement dans le domaine de la lutte contre l'analphabétisme, notamment ceux que Nous avons initiés dans les mosquées depuis 2004. En effet, le nombre des bénéficiaires cette année atteindra un million et demi environ, qui seront ainsi en mesure de s'investir dans le processus de développement intégré de leur pays.

Compte tenu de la nécessaire complémentarité devant exister entre les composantes matérielles et morales du développement humain, Nous nous attachons à donner à la culture toute l'importance et tout l'intérêt qu'elle mérite. Nous sommes, en effet, convaincu qu'elle est le ciment de la cohésion de la nation, et le miroir de son identité et de son authenticité.

Le Maroc, riche de son identité plurielle aux multiples affluents linguistiques et ethniques, possède un patrimoine culturel et artistique digne d'admiration. Il appartient donc au secteur culturel de traduire concrètement cette diversité. Il devrait encourager toutes les formes d'expression créatrices, aussi bien celles en harmonie avec notre patrimoine séculaire que celles en phase avec le goût moderne, dans ses styles et ses genres, multiples et variés, et ce, dans une démarche où se conjuguent et se complètent les traditions ancestrales et les créations modernes.

Mais nous ne saurions préserver notre identité et la protéger des risques de repli et d'altération que par une compréhension judicieuse de notre religion. C'est pourquoi, dès Notre accession au Trône, Nous nous sommes attaché, en Notre qualité d'Amir Al Mouminine, défenseur de la foi et des fidèles, à protéger l'identité islamique de notre peuple, qui incarne un modèle marocain original de la pratique de l'Islam, et se distingue par une foi tolérante, et par l'unité du rite malékite, celui du juste milieu et de la modération. C'est dans cette optique que Nous avons lancé une stratégie pour la promotion du champ religieux. Nous l'avons consolidée par le plan de la "Charte des Ouléma", qui a notamment pour vocation d'assurer la sécurité spirituelle du Royaume et de préserver l'identité islamique marocaine.Cher peuple,

Depuis que Nous est échue la mission d'assumer la direction de la nation, Nous avons à c ur de réaliser la réforme de la justice, sa moralisation et sa modernisation, ainsi que le renforcement de son indépendance. Car, il ne s'agit pas seulement de faire prévaloir le droit et de réparer les injustices, mais également de créer un climat de confiance qui favorise le développement et incite à l'investissement. A cet égard, Nous notons avec satisfaction l'aboutissement à une charte de la réforme du système judiciaire, pour laquelle toutes les conditions requises sont désormais réunies. Il nous appartient donc à tous de nous mobiliser pour mener à son terme cette importante réforme.

Mais quelle que soit l'importance de cette réforme, des textes réglementaires et des mécanismes efficients qui ont été mobilisés à cet effet, il n'en reste pas moins que c'est la conscience responsable des parties prenantes qui sera le véritable test pour évaluer cette réforme, voire la clef du succès de ce secteur tout entier.

En faisant le bilan des réalisations accomplies dans le cadre de la marche que Nous conduisons sur la voie du développement et de la réforme, il Nous paraît nécessaire d'exprimer la fierté que Nous inspirent le civisme et l'attachement immuable à la mère patrie, dont font preuve les membres de notre communauté résidant à l'étranger. En effet, bien que leur situation matérielle ait pâti cette année de la crise financière mondiale, ils supportent volontiers les fatigues du voyage, parfois de longues distances à travers l'Europe, pour se rendre dans leur pays et y retrouver les leurs. Nous saluons, donc, leur patriotisme sincère, leur souhaitons la bienvenue, et les assurons de toute Notre sollicitude.

Cher peuple,

Le capital sympathie dont jouit notre première cause à l'international, s'est accru grâce à une bonne appréciation des tenants et des aboutissants de la question de notre intégrité territoriale. Cette évolution trouve son illustration dans le soutien grandissant apporté à notre initiative judicieuse, en l'occurrence notre proposition d'autonomie.

A cet égard, Nous relevons notamment que la dernière résolution du Conseil de Sécurité a fermement réaffirmé les paramètres incontournables pour parvenir à une solution politique consensuelle et réaliste. Par ailleurs, cette résolution met particulièrement l'accent sur la dimension régionale de ce différend et souligne la responsabilité de l'Algérie, en tant que partie concernée par ce litige, tant au niveau politique que sur le plan juridico-humanitaire touchant à la situation dégradante qui prévaut dans les camps de Tindouf.

Selon la même résolution, la question des droits de l'Homme ne doit être abordée qu'à travers les mécanismes nationaux, notamment le Conseil national des droits de l'Homme, qui jouit d'une crédibilité internationale, et par de fortes initiatives souveraines en interaction positive avec les procédures spéciales des Nations Unies. Devant l'obstination des autres parties qui persistent à maintenir la situation en l'état, et face à leurs campagnes de mystification, le Maroc s'appliquera à poursuivre la dynamique qu'il a enclenchée au niveau interne, essentiellement pour réaliser plus de bonne gouvernance économique et sociale, et ce, à travers le modèle de développement régional, que le Conseil national économique, social et environnemental s'attelle à élaborer, et dont Nous attendons la mise en oeuvre avec toute l'efficacité et tout l'engagement requis.

Le deuxième volet de cette dynamique porte sur le renforcement de la gouvernance territoriale et institutionnelle, qui passe par l'exploitation optimale des opportunités offertes par la régionalisation avancée.

En troisième lieu, cette dynamique visera l'amélioration de la gouvernance politique sécuritaire en vue de protéger les libertés individuelles et collectives des citoyens, ainsi que les biens, et ce, dans le respect des dispositions et des garanties prévues par la loi. De par sa nature et ses implications, ce processus équitable et judicieux requiert la mobilisation de toutes les forces vives et l'accompagnement des efforts déployés par les autorités publiques dans ce domaine.

Cher peuple,

Depuis Notre accession au Trône, le Maroc a connu, sur le plan de ses relations extérieures, une évolution constante et des avancées significatives, en synergie totale avec les différentes politiques publiques que le pays applique à l'interne.

A cet égard, Nous avons toujours veillé à suivre une politique internationale équilibrée et multidirectionnelle, tant et si bien que nous avons réussi à renforcer de manière concrète et tangible nos relations avec nos partenaires traditionnels, et à ouvrir des perspectives nouvelles et prometteuses avec les nouveaux partenaires.

Dans ce cadre, le Maroc a toujours gardé l'espoir de voir émerger un nouvel ordre maghrébin permettant à ses cinq pays de construire un avenir commun, concrétisé par des mécanismes de complémentarité et d'intégration et la libre circulation des personnes, des capitaux et des biens. Mais il faut, pour ce faire, s'abstenir de dresser des obstacles artificiels et d'imposer des conditions, et s'employer à être en phase totale avec les changements survenus sur la scène régionale.

La même conviction anime le Maroc vis-à-vis du monde arabe. En effet, notre pays oeuvre, de concert avec tous les Etats arabes, à l'élaboration d'une approche nouvelle de l'Action arabe commune.

A cet égard, Nous avons décidé, à l'occasion de Notre visite dans les Etats du Conseil de Coopération du Golfe, de poser les jalons d'un partenariat stratégique entre le Royaume et ce groupement régional harmonieux et prometteur. A ce sujet, Nous notons avec une profonde satisfaction les premiers résultats probants de ce partenariat.

A cette occasion, Nous tenons à exprimer nos remerciements et notre gratitude suite à la décision d'accorder au Maroc un soutien financier de la part de Nos Honorables Frères : le Serviteur des deux Saintes Mosquées, le Roi Abdullah Ibn Abdulaziz, Souverain du Royaume d'Arabie Saoudite, Son Altesse Cheikh Khalifa Ibn Zayed Al-Nehyane, Président de l'Etat des Emirats Arabes Unis, Son Altesse Cheikh Sabah Al-Ahmad Al-Jaber Assabah, l'Emir de l'Etat du Koweït, et Son Altesse Cheikh Hamad Ibn Khalifa Al-Thani et son successeur, Son Altesse Cheikh Tamim Ibn Hamad Al-Thani, l'Emir de l'Etat de Qatar. Nous leur savons éminemment gré de ce soutien qui consiste à faire annuellement don au Maroc d'un milliard de dollars sur une période de cinq ans, et pour la mise en uvre de cette décision. Par ailleurs, Nous avons poursuivi sans relâche nos efforts à la tête du Comité Al-Qods pour défendre la juste cause palestinienne, afin que, sur la base de l'Initiative de paix arabe, le peuple palestinien frère puisse vivre sur ses terres au sein d'un Etat indépendant.

En outre, Nous poursuivons notre soutien et notre engagement en faveur de la préservation de l'identité civilisationnelle et religieuse de la ville d'Al-Qods Al-Charif, notamment par le biais du Comité Al-Qods et son bras opérationnel, l' Agence Bait Mal Al-Qods , qui assure la mise en oeuvre de nombreux projets tangibles. Nul doute que cette agence pourra optimiser son action d'utilité publique, si elle reçoit le soutien matériel nécessaire de la part de tous les pays islamiques, comme ils s'y sont conjointement engagés lors de la création de cette agence spécialisée.

Par ailleurs, le Maroc a poursuivi sa politique de solidarité vis-à-vis des pays africains frères, confirmant ainsi sa foi profonde dans les vertus de la coopération Sud-Sud.

A cet égard, Nous avons effectué, cette année, des visites officielles dans trois pays africains frères, mû par la volonté de raffermir les liens qui unissent le Maroc à son continent. Ces visites ont été l'occasion pour Nous de nous informer de la demande de ces pays en investissements et en savoir-faire marocains. Aussi, Nous invitons les opérateurs marocains à être réceptifs à cette demande pour favoriser une intégration, un rapprochement et une complémentarité accrus entre les économies de nos pays.

En outre, le Royaume a poursuivi sa stratégie d'ouverture axée sur une synergie constructive avec ses partenaires européens. De fait, notre pays a manifesté sa ferme volonté de renforcer sa relation bilatérale respectivement avec le Royaume d'Espagne et la République française, à l'occasion des visites effectuées dans notre pays par le Souverain espagnol, Sa Majesté le Roi Juan Carlos Ier, et Son Excellence, le Président français, François Hollande. Par ailleurs, les démarches conjointes se poursuivent pour renforcer encore davantage notre partenariat avec l'Union Européenne, dans le cadre du statut avancé qui distingue le Maroc. Il s'agit, pour cela, d'ouvrir des perspectives nouvelles et prometteuses devant cette coopération.

Ce rayonnement diplomatique s'est étendu aux autres continents et aux acteurs internationaux qui y opèrent, et avec lesquels nous veillons à renforcer nos relations.

Dans le même ordre d'idées, le Maroc a oeuvré, en sa qualité de membre non permanent du Conseil de Sécurité, à y porter haut la voix de l'Afrique et du monde arabe.

A cet égard, Nous tenons à réaffirmer, au nom du Maroc, sa solidarité avec le peuple syrien qui endure les affres du terrible conflit sanglant et dévastateur qui fait rage dans ce pays. Nous appuyons ses choix cruciaux et apportons notre soutien à son intégrité territoriale. Nous nous tenons également aux côtés de la République du Mali, ce pays frère, dans sa lutte pour préserver son intégrité territoriale et appuyons son choix national visant à prémunir son identité contre l'extrémisme et les démons du terrorisme.

Nous entendons continuer à mener notre action conformément à ces orientations de la diplomatie marocaine, adossées aux dispositifs de coopération renouvelés et adaptés aux évolutions internationales. Cher peuple,

En cette journée nationale mémorable, qui coïncide avec le mois béni de Ramadan, Nous avons une pensée émue et déférente pour la mémoire et l'âme immaculée des pionniers de la libération et de l'indépendance et des bâtisseurs de l'Etat marocain moderne, avec, au premier chef, Notre Auguste Grand-Père et Notre Vénéré Père, feu Leurs Majestés les Rois, Mohammed V et Hassan II, que Dieu bénisse leur âme et perpétue la mémoire de leurs bonnes actions, ainsi que tous les martyrs de la libération, de la résistance et de l'intégrité territoriale. Puisse Dieu les en rétribuer de belle manière.

Par ailleurs, Nous rendons hommage aux Forces Armées Royales, à la Gendarmerie Royale, à la Sûreté nationale, aux Forces Auxiliaires, à l'Administration territoriale et à la Protection civile pour le dévouement dont elles font preuve sous Notre commandement, afin de défendre la sécurité et la stabilité de la Patrie.

Je continuerai, Cher peuple, comme tu M'as toujours connu, à conduire, avec dévouement et abnégation, ta marche sur la voie de la démocratie et du développement, pour un Maroc uni et fort, avancé et prospère. Je prie le Très-Haut de raffermir les liens symbiotiques qui M'unissent à toi, et qui constituent l'atout majeur dont nous disposons pour relever les défis et atteindre les desseins les plus élevés. J'implore également le Tout-Puissant d'agréer ton jeûne et tes prières et de t'apporter bonheur et félicité, au présent comme à l'avenir.

Notre Seigneur, accepte cela de notre part : Tu es l'Entendant l'Omniscient .

Wassalamou alaikoum warahmatollahi wabarakatouh".

SM le Roi Mohammed VI a adressé, lundi, un discours à la Nation à l'occasion de la fête du Trône qui coïncide cette année avec le treizième anniversaire de l'intronisation du Souverain

30 juillet 2012Ci-après le texte intégral du Discours Royal:

"Louange à Dieu Paix et salut sur le Prophète, Sa Famille et Ses Compagnons.

Cher peuple,

Nous commémorons aujourd'hui le treizième anniversaire de Notre accession au Trône, une occasion renouvelée qui traduit la profondeur et la pérennité des liens symbiotiques d'allégeance qui t'unissent indéfectiblement au Trône. C'est aussi l'occasion idoine de réaffirmer les choix fondamentaux de notre pays, tels que consacrés par la nouvelle Constitution du Royaume, laquelle représente pour la nation unanime un pacte d'exception tant sont vastes les perspectives d'une participation effective et efficiente qu'elle ouvre devant toi, cher peuple.

Autant dire la responsabilité qui nous incombe à tous d'oeuvrer de concert pour le parachèvement du modèle singulier que nous nous sommes choisi pour consolider la construction d'un Etat marocain moderne, empreint des valeurs d'unité, de progrès, d'équité et de solidarité sociale, et fidèle à notre identité séculaire.

Notre pays est entré dans une nouvelle étape qui n'est ni le fait du hasard, ni le produit de circonstances. Elle est plutôt le fruit d'une politique mûrement réfléchie et d'une stratégie graduelle, que Nous suivons depuis Notre accession au Trône. C'est une démarche qui participe d'une volonté pleinement souveraine, parfaitement en phase avec les aspirations légitimes qui sont les tiennes.

En tête de Nos préoccupations figurait donc, tout naturellement, la nécessité de conforter et raffermir la cohésion de la société marocaine, en réalisant la réconciliation des Marocains avec eux-mêmes et avec leur histoire, à travers le travail de la Commission Equité et Réconciliation, et en veillant à la réhabilitation de l'Amazighité en tant que composante de l'identité nationale et patrimoine commun à tous les Marocains. Nous avons, dans le même esprit, élargi l'espace des libertés et des droits humains, en conférant à la femme, dans le cadre du code de la famille, un statut qui lui préserve sa dignité et lui assure justice et équité, tout en la dotant des moyens de participation à la vie publique.

Nous avons également engagé des réformes économiques profondes pour renforcer les infrastructures et améliorer le paysage des villes marocaines, et pour désenclaver le monde rural en le dotant des équipements nécessaires. Parallèlement, Nous nous sommes employés à créer les conditions propices pour stimuler l'investissement, tout en mettant en oeuvre une politique de mise à niveau sociale.

C'est ainsi que Nous avons consolidé les chantiers des actions sociales et en matière de développement, en lançant, en 2005, l'Initiative Nationale pour le Développement Humain, et en l'inscrivant dans une vision globale de lutte contre l'exclusion, la marginalisation et la pauvreté.

En Notre qualité d'Amir Al-Mouminine, Nous nous sommes constamment attaché, en vertu de la Beia sacrée dont Nous assumons la charge suprême, à ce que le Royaume du Maroc demeure un modèle d'attachement à l'Islam sunnite prônant le juste milieu et la tolérance et proscrivant l'extrémisme, le fanatisme et l'ostracisme. Nous avons également érigé le Conseil supérieur des Oulémas en institution constitutionnelle remplissant les missions qui lui incombent en termes de fatwa et de présentation d'avis consultatifs à Notre Majesté pour tout ce qui concerne les affaires religieuses.

En nous investissant résolument dans ces réformes, et en empruntant une démarche participative, Nous avons pu ouvrir le chantier de la révision constitutionnelle. Pour autant, le lancement de ce processus ambitieux n'était nullement une fin en soi. C'était plutôt le moyen de parachever la construction de l'Etat de droit et des institutions et de réaliser les objectifs de développement global, à charge pour chacun d'assumer sa part de cet engagement responsable. Gouvernement, représentants de la nation, élus locaux, partis politiques, syndicats, opérateurs économiques et société civile, sont tous interpellés à cet égard, au nom du pacte scellé par la nation entière à travers l'adoption de la nouvelle Constitution.

Et tel que tu connais ton premier serviteur, cher peuple, je resterai toujours réceptif aux préoccupations des citoyens, ayant à coeur de s'enquérir de leurs conditions de vie sur le terrain et d'être en phase avec leurs attentes, toutes catégories sociales confondues.
 
Dans le même ordre d'idées, Nous demeurons constamment à l'écoute de ce que ressent notre communauté résidant à l'étranger, dont chaque membre est l'objet d'une attention particulière de Notre part. Nous tenons, à cette occasion, à saluer leur solide attachement à leur pays, leur fidélité sans faille à leur identité, et le rôle constructif qu'ils jouent en faveur du développement de la mère-patrie. Face à cette conjoncture difficile que traversent certains de leurs pays d'accueil, Nous ne pouvons qu'exprimer Notre soutien et Notre solidarité avec ceux qui en pâtissent aujourd'hui.

Cher peuple,

La concrétisation de nos choix exige de fixer les priorités et de les hiérarchiser, selon une approche se déclinant en étapes et en échéanciers bien définis. Nous avons, donc, fait de cette démarche une véritable feuille de route pour la mise en oeuvre des réformes à venir.

Partant du principe que l'Etat de droit est source de tout progrès, Nous avons inscrit la justice en tête de nos chantiers de réformes.

Etant donné que la nouvelle Constitution place la réforme de la justice au coeur de son dispositif, les conditions sont désormais réunies pour assurer le succès de ce grand chantier. Nous attendons donc de la Haute Instance pour la Réforme de la Justice qu'elle travaille en toute indépendance, et selon une approche participative ouverte, pour mettre au point dans les meilleurs délais, des recommandations pratiques et concrètes, accompagnées des mécanismes et des dispositifs de mise en Âœuvre.

La régionalisation avancée que Nous avons impulsée et qui a été consacrée par la nouvelle Constitution est un chantier majeur qui doit être mené avec mesure et discernement, si l'on veut que sa mise en oeuvre se traduise par un changement substantiel et graduel, dans l'organisation des structures de l'Etat, et l'articulation des rapports entre le centre et les collectivités territoriales.

Pour relever les défis de ce processus, nous devons ouvrir l'espace au renouvellement des élites et à la participation massive des femmes et des jeunes. Pour cela, il faut ouvrir les horizons et les perspectives devant les citoyennes et les citoyens compétents, responsables et intègres.

De même, Nous engageons le gouvernement à mettre en marche la réforme de l'administration publique, pour la mettre en phase avec les exigences de la nouvelle vision territoriale. Ce qui pose la question de la déconcentration que Nous appelons de Nos voeux depuis plus de dix ans.

Il appartient donc au gouvernement d'adopter une charte de déconcentration qui permettra à l'administration de se redéployer, de répondre au mieux aux besoins des services déconcentrés, et d'assurer une responsabilisation véritable de ces instances en matière d'élaboration et de gestion judicieuse des projets. Parallèlement, le gouvernement se doit de se pencher sur l'immense chantier des réformes nécessaires à la mise en oeuvre de la nouvelle organisation territoriale, dans le cadre d'une bonne gouvernance qui place le développement humain au coeur de ses préoccupations. En effet, relever les défis d'une bonne gouvernance territoriale passe nécessairement par la réalisation d'un développement humain juste et équitable, capable de remédier tant aux déficits du monde rural qu'aux carences qui obèrent la croissance en milieu urbain

Si la justice, la régionalisation et la gouvernance territoriale figurent en tête de nos priorités, il n'en demeure pas moins qu'un intérêt particulier doit être réservé à la mise en place effective des institutions prévues dans la nouvelle Constitution, ayant trait à la bonne gouvernance, à la lutte contre la corruption, et au développement économique et social en général.

Cher peuple,

Le marasme économique que connaît le monde depuis 2008, et les changements qu'il a entrainés dans les relations internationales du fait de la mondialisation, ainsi que les mutations sociales et politiques qui sont à l'oeuvre dans notre environnement régional, sont autant de facteurs qui nous incitent à poursuivre les réformes, et nous confortent dans notre conviction quant à la pertinence des choix socio-économiques qui sont les nôtres depuis longtemps. Ces choix nous ont permis de lancer de grands chantiers de nature à renforcer les infrastructures et les équipements de base dont a besoin notre pays, et ce, dans le cadre de stratégies sectorielles qui ont été mises au point selon des paramètres efficients, afin de concrétiser les objectifs escomptés.

A cet égard, Nous avons orienté nos efforts vers la promotion de différents domaines industriels et des nouvelles technologies par l'aménagement de pôles et d'espaces économiques intégrés propres à favoriser les perspectives d'investissement et à améliorer la compétitivité de nos entreprises.

Eu égard à l'intérêt tout particulier que Nous accordons au secteur agricole, il faudra apporter une attention accrue au plan Maroc Vert qui représente un facteur fondamental du développement agricole. Il est impératif d'en intensifier les activités, afin d'accroître le rendement, la productivité et la diversité du produit marocain. Parallèlement, il faut renforcer les capacités des petits agriculteurs dans le cadre de programmes solidaires qui contribuent à l'amélioration des conditions de vie des populations du monde rural, surtout dans la conjoncture climatique difficile que le Maroc a connue l'année dernière.

Nous réitérons donc Notre appel au gouvernement pour qu'il assure les conditions de convergence entre les différentes stratégies sectorielles, et qu'il se dote d'outils de veille et d'instruments de suivi et d'évaluation pour assurer leur cohérence et mesurer leur efficacité et l'efficience de l'utilisation des fonds qui leur sont affectés. De même, il lui appartient de faire preuve de créativité dans la recherche d'alternatives de financement susceptibles d'imprimer une forte impulsion à de telles stratégies.

Nous insistons, à cet égard, sur la nécessité de développer les mécanismes de contractualisation et de partenariat public-privé, dans le but d'optimiser les investissements.

Mesurant l'importance de ce partenariat, nous avons adopté une approche novatrice, avec la création de l'Autorité marocaine d'investissement qui regroupe les fonds d'investissement sectoriels nationaux. Cette Autorité a pour vocation de renforcer l'investissement dans les différents secteurs productifs, et de stimuler les partenariats avec les institutions internationales. Car Notre objectif est de faire bénéficier notre pays des opportunités de financement qu'offrent les fonds souverains étrangers, et particulièrement ceux des Etats frères du Golfe, dont Nous saluons l'apport efficient pour soutenir les projets de développement dans notre pays.

Il convient de rappeler, à ce propos, que le secteur touristique représente un puissant levier de promotion de l'emploi et de développement de la richesse nationale, compte tenu de la diversité des atouts naturels que recèle le Maroc, ainsi que de la richesse et la singularité de sa civilisation et de son patrimoine.

Aussi avons-Nous adopté, dès 2001, une stratégie globale comportant des programmes bien définis qui ont contribué à la promotion et au développement de ce secteur. C'est pourquoi Nous nous employons à le soutenir dans le cadre de la Vision 2020, qui est adossée au Fonds Wissal d'investissement touristique, et qui repose essentiellement sur le développement durable. Et c'est pourquoi aussi le Maroc représente aujourd'hui une destination privilégiée dans l'espace méditerranéen.

Cher peuple,

Nous avons veillé à faire de l'élément humain, surtout notre jeunesse prometteuse, le centre et la finalité fondamentale des initiatives de développement. Nous nous efforçons toujours de concrétiser ce dessein dans les différents projets et programmes de l'Initiative Nationale pour le Développement Humain.

Vu les résultats positifs enregistrés par l'INDH en faveur des populations démunies, Nous avons décidé le renforcement de ses actions, surtout les activités génératrices de revenus, ainsi que l'élargissement de ses domaines d'intervention. Ainsi, Nous avons lancé, à cet effet, le cinquième programme destiné à pallier les déficits dans les régions les plus fragiles, qui manquent d'équipements de base. Nous appelons donc le gouvernement à assurer les conditions nécessaires pour la mise en oeuvre de ce programme.

Fortement attaché à la concrétisation du principe d'équité et à la nécessité de venir en aide aux personnes les plus démunies, Nous avons veillé à la mise en oeuvre d'un Régime d'Assistance Médicale à leur profit. Ce régime est le fruit d'une préparation de longue haleine, dans laquelle le Maroc s'est investi depuis dix ans, en vue de venir en aide aux populations démunies.

Le gouvernement est, donc, invité à tout mettre en oeuvre pour assurer à ce programme le maximum de chances de réussite par un ciblage conséquent des populations concernées et une prise en charge appropriée des prestations convenues.

Pour que ce régime puisse préserver sa vocation humanitaire, il faut veiller à ce qu'il ne soit pas instrumentalisé par des tendances politiciennes de nature à le dévier de sa noble trajectoire, avec tous les dysfonctionnements que cela risque d'occasionner en la matière et dans bien d'autres domaines sociaux.

Nous l'engageons, par ailleurs, à répondre de manière judicieuse aux besoins sociaux des citoyens, sans se départir d'une bonne gouvernance de la politique financière de notre pays pour préserver son potentiel de développement et sauvegarder notre crédibilité au niveau international.

Convaincu de la nécessité de préserver l'avenir des générations futures, Nous n'avons de cesse d'insister sur la concomitance des exigences de développement avec l'impératif d'assurer la protection de notre environnement, afin de garantir, à terme, les conditions d'un développement durable pour notre pays. Nous agissons, donc, avec détermination pour assurer la préservation, la gestion judicieuse et la valorisation de nos ressources naturelles au service de l'économie nationale.

Dans la même démarche s'inscrit le programme ambitieux que Nous avons lancé pour la production d'énergies renouvelables, éolienne et solaire, en vue de réduire nos importations en énergies conventionnelles et d'alléger le fardeau qu'elles représentent pour l'économie nationale.

Cher peuple,

La diplomatie marocaine restera fidèle aux principes fondamentaux séculaires structurant l'interaction du Royaume avec le monde extérieur, en l'occurrence la confiance en soi, le respect de la légalité internationale, l'attachement à tout ce qui est de nature à conforter la paix et la sécurité internationales, l'engagement en faveur des causes justes et la volonté de raffermir les liens de coopération internationale dans tous les domaines.

S'agissant de notre environnement maghrébin immédiat, les transformations majeures que connaît la région nous offrent une opportunité historique de sortir l'Union maghrébine de l'immobilisme pour lui imprimer une dynamique porteuse d'un développement durable et intégré.

Nous avions déjà appelé à l'émergence d'un nouvel ordre maghrébin pour transcender l'état de dispersion qui prévaut dans la région et remédier à la faiblesse des échanges entre ses pays, en vue d'édifier un espace maghrébin fort et ouvert.

En attendant la concrétisation de cet objectif stratégique, le Maroc poursuivra ses efforts en vue de renforcer ses relations bilatérales avec l'ensemble des partenaires maghrébins, y compris l'Algérie voisine, répondant ainsi aux aspirations pressantes et légitimes des peuples de la région, notamment en ce qui concerne la libre circulation des personnes, des biens, des capitaux et des services.

A cet effet, le Royaume du Maroc réaffirme sa détermination à continuer à s'investir de bonne foi dans le processus de négociation visant à trouver une solution définitive au différend régional artificiel autour du Sahara marocain, sur la base de la proposition marocaine d'autonomie, dont le sérieux et la crédibilité sont reconnus par la communauté internationale, et dans le cadre de la souveraineté et de l'intégrité territoriale du Maroc.

L'adhésion du Maroc à ce processus n'a d'égale que sa détermination à s'opposer avec la fermeté requise à toute tentative visant à porter atteinte à ses intérêts supérieurs ou à transgresser les paramètres fondamentaux des négociations.

En attendant de parvenir à une solution politique durable dans le cadre des Nations unies, le Maroc, fort de sa légitimité historique et de la pertinence de sa position juridique, s'est attelé à la mise en oeuvre de la régionalisation avancée au Sahara marocain et à la poursuite de la réalisation des chantiers de développement socio-économique dans cette région qui Nous est si chère, et que tous les Marocains portent dans leur coeur.

Concernant le monde arabe, la réalité politique actuelle requiert plus que jamais le développement de l'action arabe commune en vue de répondre aux aspirations de ses peuples. Cet objectif devrait être poursuivi dans un esprit de solidarité agissante et d'adhésion réciproque aux impératifs de construction de l'avenir de la nation arabe, notamment la nécessité de consolider les fondements d'une coopération fructueuse entre ses pays et de mise en commun des intérêts supérieurs de ses fils.

A cet égard, Nous nous félicitons des décisions qui ont été adoptées pour donner corps au partenariat stratégique entre le Maroc et les Etats du Conseil de Coopération du Golfe, et réaffirmons Notre engagement ferme à approfondir nos relations avec ces pays frères et à les consolider dans tous les domaines.

Toutefois, les développements en cours ne devraient en aucune manière occulter la nécessité de se pencher, au niveau international, de façon efficace et concrète sur la question palestinienne fondamentale. Il faudra désormais reconsidérer le traitement réservé par la communauté internationale à cette problématique, étant entendu que l'objectif incontournable à atteindre est l'établissement d'un Etat palestinien indépendant, souverain et viable, à l'intérieur des frontières de 1967, ayant Jérusalem Est comme capitale.

La région du Sahel et du Sahara, quant à elle, est confrontée à des risques multiples qui menacent l'unité nationale et l'intégrité territoriale de ses pays. Face à cette situation, la communauté internationale se doit de prêter une attention diligente à cette zone et d'entreprendre des actions fermes à cet effet.

Concernant les pays d'Afrique subsaharienne, le Royaume du Maroc demeure engagé dans les projets de coopération efficiente avec eux, en vue de soutenir les programmes de développement humain initiés localement dans les secteurs prioritaires.

S'agissant de l'Europe, la relation Maroc-Union Européenne est entrée dans une nouvelle phase qui, pensons-Nous, offre un cadre référentiel pour une approche géopolitique prometteuse visant une refondation de l'espace euro-méditerranéen sur la base de la communauté d'intérêts et d'actions conjointes.

Le temps est, donc, venu pour imprimer une impulsion et une orientation nouvelles à l'Union pour la Méditerranée, de sorte à en faire un véritable catalyseur et une force motrice pour réaliser la prospérité partagée sur les deux rives de la Méditerranée.

Dans le contexte des rapports évolués avec l'ensemble des pays de l'Union Européenne, Nous nous félicitons des profondes relations historiques qui existent entre le Maroc et l'Espagne voisine, ainsi que des larges perspectives qui s'ouvrent pour les deux pays, confortées par les liens solides qui Nous unissent à Sa Majesté le Roi Juan Carlos 1er, et les rapports historiques liant les deux Familles Royales dans les deux pays voisins.

Dans la difficile conjoncture actuelle, Nous réitérons notre engagement à favoriser l'émergence de nouvelles conditions économiques propices à la création de richesses conjointes, donnant ainsi un contenu concret aux liens profonds de solidarité agissante unissant nos deux pays. A cet égard, Nous avons donné nos Hautes Instructions au gouvernement pour traduire cette résolution dans les faits, en faisant preuve de l'intérêt et de la rapidité d'exécution requis à cet effet.

Outre les relations avec les pays du voisinage, le Royaume poursuit ses efforts visant à renforcer et diversifier ses partenariats prometteurs avec les autres régions du monde, en mettant l'accent sur le volet développement durable, dans le cadre d'une coopération Sud-Sud concrète avec nos partenaires parmi les pays en développement.

Le Maroc poursuivra également les efforts soutenus qu'il déploie au sein des organisations internationales, réaffirmant ainsi son attachement à la défense de la coopération multilatérale, en accord avec les nobles objectifs énoncés dans la Charte des Nations unies.

Cher peuple,

En cette occasion nationale mémorable, où nous passons en revue et évaluons les réalisations accomplies dans le cadre des réformes engagées, autant que les initiatives vouées au développement, où nous scrutons les perspectives d'avenir prometteuses, et où nous amorçons la mise en oeuvre de la Constitution, nous sommes animés par une pensée révérencieuse de totale fidélité à la mémoire immaculée des deux leaders de la libération du Maroc et bâtisseurs de son Etat moderne, Notre Auguste Grand-Père, feu Sa Majesté le Roi Mohammed V, et Notre Vénéré Père, feu Sa Majesté le Roi Hassan II, que Dieu les ait en Sa Sainte Miséricorde, ainsi qu'à celle de tous les valeureux martyrs tombés pour la liberté, l'indépendance et l'intégrité territoriale du pays, et par fidélité au serment fait devant Dieu. Fasse-t-Il qu'ils soient rétribués de la plus belle récompense pour leurs sacrifices au nom de leur patrie et de leur Oumma.

Nous exprimons également toute Notre considération et rendons hommage à Nos Forces Armées Royales, à la Gendarmerie Royale, à la Sûreté nationale, à l'Administration territoriale, aux Forces auxiliaires et à la Protection civile pour leur constante mobilisation, ainsi que pour les efforts qu'elles ne cessent de déployer sous Notre commandement, en vue de défendre l'intégrité territoriale du Maroc, sa souveraineté, sa sécurité et sa stabilité.

Nous prions en ces jours bénis du mois sacré de Ramadan, où le Très-Haut exauce les prières, pour qu'Il guide Nos pas et ceux de tous ceux qui veillent aux intérêts de la Nation et oeuvrent au service de l'intérêt général. Puisse-t-Il nous accorder plein succès dans l'action que nous menons en vue de consolider l'Etat de droit et des institutions, et de promouvoir la citoyenneté dans la dignité, la coexistence et la concorde, et dans le cadre de l'unité nationale et de l'intégrité territoriale.

"Si Dieu voit de la droiture dans vos coeurs, il vous donnera des richesses". Véridique est la parole de Dieu.

Wassalamou alaikoum warahmatoullahi wabarakatouh.

Message Royal aux participants à la journée nationale de l'architecte du 18 janvier 2006 sous le thème : "L'architecte au service du développement socio-économique et culturel"

Message Royal aux participants à la journée nationale de l'architecte du 18 janvier 2006 sous le thème : "L'architecte au service du développement socio-économique et culturel"

Louange à Dieu.

Prière et salut sur le Prophète, Sa famille et Ses compagnons.

" ... Les opérateurs du secteur, particulièrement les architectes, qu'ils exercent leur art dans le public ou dans le privé, ont un rôle central à jouer dans l'édification et la modernisation de la qualité du cadre bâti dans notre pays et dans la préservation et l'amélioration de son patrimoine architectural, pour un développement économique et social durable. Ils doivent, de ce fait, se mobiliser davantage, avec un sens élevé du devoir civique pour faire de ce secteur vital, un réel vecteur de développement dans notre pays, et un moyen efficace permettant aux couches socialement défavorisées, d'accéder à un logement décent, à la portée de leur possibilité d'endettement et à des conditions impliquant les pouvoirs publics, particulièrement à travers la réalisation des travaux d'aménagement de voiries et de réseaux de distribution avec la contribution, éventuelle de la société civile.

A cet effet, il vous incombe de relever le défi et de vous engager résolument dans le chantier de l'habitat social et dans la restructuration des logements indécents. Des réflexions très poussées, mettant à profit, notamment les compétences de l'Ecole Nationale d'Architecture, devraient être menées sur la mise en oeuvre de nouveaux procédés et techniques qui permettent la construction d'habitations à une cadence capable d'absorber, à la fois, le déficit actuel et les demandes potentielles qui ne cessent de s'accroître, en raison de l'exode rural, sans pour autant sacrifier la qualité architecturale et urbanistique, ni mettre en cause la sécurité des biens et des personnes ... "

Extrait du Discours de Sa majesté le Roi Mohammed VI que Dieu L'assiste à l'occasion de la Rencontre Nationale des collectivités locales,Agadir 12/12/2006

Discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI que Dieu L’assiste à l’occasion de la Rencontre Nationale des collectivités locales.
Agadir, 12/12/2006 

Louange à Dieu.

Prière et salut soient sur le Prophète, Sa famille et Ses compagnons.


"... Nos villes ont connu un essor démographique et une expansion urbanistique tels qu'il en a résulté un empiètement de leurs périphéries sur le milieu rural, ainsi qu'un accroissement des besoins des populations en termes d'infrastructures et de services de base. Cet état de choses requiert, donc, l'adoption d'une vision globale, permettant d'anticiper et de maîtriser les implications de cette expansion. Il s'agit aussi d'aménager de nouvelles zones d'urbanisation et d'instaurer un équilibre entre la ville et les agglomérations rurales adjacentes. Ce que Nous visons, en définitive, ce n'est pas uniquement d'avoir des villes sans bidonvilles, ni d'y substituer des blocs de béton sans âme, réfractaires à toute sociabilité. Nous entendons, plutôt, ériger nos cités en espaces propices à la vie en bonne intelligence, dans la convivialité et la dignité, et en faire des pôles d'investissement et de production, et des agglomérations attachées à leur spécificité et à l'originalité de leur cachet ..."

Message royal à l'occasion de la rencontre nationale pour le lancement du Code de l'urbanisme du 3 octobre 2005 à Rabat

Message royal à l'occasion de la rencontre nationale pour le lancement

du Code de l'urbanisme du 3 octobre 2005 à Rabat

Louange à Dieu.

Prière et salut soient sur le Prophète, Sa famille et Ses compagnons.

"... L'essor urbanistique que Nous souhaitons pour notre pays ne devrait pas rester tributaire de la promulgation d'un Code de l'urbanisme, complet et sans faille, aussi important que celui-ci puisse être. En effet, il est des questions autrement plus pressantes qui nécessitent d'être abordées en parallèle pour leur trouver des solutions urgentes.

Aussi doit-on prendre d'urgence une série de mesures, notamment - et ce sont les plus importantes- mettre fin aux opérations de construction illicites et adopter le principe de régularisation urbanistique des quartiers anarchiques susceptibles d'être restructurés.

Il s'y ajoute la nécessité de poursuivre les efforts visant à généraliser les agences urbaines à l'ensemble des provinces du Royaume et à les doter des moyens matériels nécessaires et des ressources humaines compétentes pour les habiliter à remplir leur mission en tant qu'organismes publics compétents en la matière, à savoir: contribuer efficacement à la conception et à l'élaboration du Projet territorial relevant de leur juridiction territoriale, apporter une aide efficiente au développement de l'investissement et se positionner en partenaire privilégié des collectivités locales, tant urbaines que rurales ...

Discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI à la Nation, Rabat, le 18 mai 2005 (Initiative Nationale pour le Développement Humain)

Discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI à la Nation, Rabat, le 18 mai 2005

(Initiative Nationale pour le Développement Humain)

Louange à Dieu.

Paix et salut sur le Prophète, Sa famille et Ses compagnons.

Cher peuple.

"... Cette initiative s'inscrit dans la vision d'ensemble qui constitue la matrice de notre projet sociétal, modèle bâti sur les principes de démocratie politique, d'efficacité économique, de cohésion sociale et de travail, mais aussi sur la possibilité donnée à tout un chacun de s'épanouir en déployant pleinement ses potentialités et ses aptitudes.

C'est dans cette vision équilibrée et portée vers l'avenir, que s'inscrivent, du reste, les réformes fondamentales et les projets structurants que Nous avons engagés, ainsi que les progrès et les acquis aujourd'hui engrangés, notamment dans les domaines de la consolidation de l'Etat de droit, de l'élargissement de l'espace des libertés, de la promotion des droits de la femme, de l'enfance et des catégories sociales démunies et fragiles.

Nous avons franchi des étapes importantes dans le processus de construction d'une économie moderne et performante, à travers les multiples projets d'infrastructure et de mise à niveau de l'appareil productif national, et les divers dispositifs de promotion de l'investissement et de l'initiative privée, ainsi qu'à travers les politiques sectorielles et les programmes de développement régional, lancés récemment par Nos soins dans les régions de l'Oriental et de Souss-Massa-Daraâ, pour étayer les réalisations accomplies depuis quelques années déjà dans les Régions du Sud et du Nord du Royaume ...